Au nom de ma fille

Film : Au nom de ma fille (2015)

Réalisateur : Vincent Garenq

Acteurs : Daniel Auteuil (André Bamberski), Sebastian Koch (Le docteur Dieter Krombach), Marie-Josée Croze (Dany), Christelle Cornil (Cécile)

Durée : 01:27:00


L’affaire Bamberski-Krombach (1982-2009) vient d’être portée à l’écran par un réalisateur spécialiste des films judiciaires, Vincent Garenq, déjà connu pour Présumé coupable (2011) et L’Enquête (2013). Il a réussi à synthétiser trente ans d’une affaire rocambolesque en 1h30 de cinéma, ce qui constitue une belle prouesse. L’ensemble est rondement mené du début à la fin, et l’on suit avec une certaine émotion le parcours valeureux d’un père de famille voulant faire aboutir la vérité judiciaire sur la mort de sa fille. Divorcé de sa femme, André Bamberski a appris ce décès au téléphone. Décès inexpliqué, rapide, d’une adolescente, en dépit des soins que le nouveau compagnon de sa femme, le docteur Krombach, lui a administrés.

Scié par cette annonce autant que par le rapport d’autopsie qui évoque l’inadaptation des soins procurés à la victime peu avant la mort, André Bamberski (excellemment interprété par Daniel Auteuil) est intimement convaincu de la culpabilité du docteur allemand, à laquelle son ex-femme refuse de croire un seul instant. Il s’engage alors dans un combat judiciaire qui durera trois décennies pour percer le mystère insoluble des circonstances de la mort de sa fille. Mais d’invraisemblables obstacles se dressent sur sa route, à commencer par les instances politiques qui refusent de mettre les institutions judiciaires françaises et allemandes en porte-à-faux.

Le film rend hommage à la valeur d’un homme prêt à renverser toutes les compromissions pour faire triompher tant la vérité que l’honneur de sa fille. Il emprunte un réalisme tout à fait similaire au fameux Contre-Enquête de Franck Mancuso (2007), film dans lequel Jean Dujardin traquait le pédophile innocenté, coupable de la mort de sa fillette. Si le cadre est maîtrisé et les acteurs vraiment à la hauteur, y compris l’intriguant docteur Krombach (Sebastian Koch, La vie des autres), si le film a tenu à respecter l’historicité des faits en accord avec les membres toujours en vie de la famille Bamberski, on est surtout très agréablement surpris de le voir restituer la notion de vérité judiciaire. Principe complètement dissolu dans le film récent de Christian Vincent avec Fabrice Luchini (L’Hermine, 2015), comme nous l’avions relevé. Au nom de ma fille appuie là où ça fait mal : il surligne le laxisme du système judiciaire actuel, autant en France qu’en Allemagne. Il montre que la justice est devenue une affaire de compromis, et que pour faire condamner un coupable, il faut se lever de bonne heure et avoir la presse avec soi. C’est-à-dire qu’en gros, il ne faut pas se coucher !