Captives

Film : Captives (2014)

Réalisateur : Atom Egoyan

Acteurs : Ryan Reynolds (Matthew Lane), Scott Speedman (Jeffrey Cornwall), Rosario Dawson (Nicole Dunlop), Mireille Enos (Tina)

Durée : 01:57:00


Y'a t-il quelque chose de pire que de ne pas savoir ce que devient sa fille kidnappée ? C'est horrible à dire, mais quand on l'a vue morte, on peut au moins se dire que c'est fini ! Mais sans aucune nouvelle…

Il va donc de soi qu'une telle situation fournit une matière idéale pour faire un thriller. Prisoners, 8 mm, tous ces films avaient exploité ce filon avec brio ! Dans Captives, sélectionné au festival de Cannes, c'est donc au tour de Atom Egoyan de mettre en scène la terrible détresse de deux parents apprenant, quelques années après la disparition de leur fille, que celle-ci serait toujours vivante.

La matière est si sensible (pédophilie, réseaux secrets, viol, etc.) que le spectateur tremble dès le départ. Pourtant, si le film est réalisé avec brio (les mises en scène dans la maison du kidnappeur, par exemple, sont remarquables), plusieurs éléments émoussent le suspens.

D'abord le réseau pédophile est beaucoup trop arrogant pour être réaliste. Pour vivre « heureux » dit le proverbe, vivons cachés. Les pédophiles ont mieux que quiconque compris la chose. Alors imaginer qu'un de leur réseau enlève la responsable d'une brigade des mineurs, voilà qui est très très peu probable.

Ensuite ce qui fait généralement la force de ces thrillers, c'est que la menace plane sans être pour autant identifiée. Habituellement, lorsque le film approche les malfaiteurs, c'est toujours impersonnel, sombre, implacable et froid. Ici, les couleurs sont chaudes et, surtout, le bourreau est parfaitement identifié. Or, on dira ce qu'on voudra, mais la menace perd en intensité dès qu'elle a un visage, quand bien même celui-ci aurait les traits de l'excellent acteur Kevin Durand.

Captives est un titre au pluriel. Au Canada, qui donne sa nationalité, au film, le titre est La captive. Choisir le pluriel est donc une licence des traducteurs, qui peut cependant se justifier puisque, dans le film, les trois actrices principales sont effectivement captives : la jeune Cassandra, bien sûr, qui semble développer un discret syndrome de Stockholm, la policière, enlevée puis séquestrée, et Tina, la mère de Cassandra, littéralement prisonnière de ses angoisses et de sa souffrance.

Du côté masculin, Ryan Reynolds interprète un père très authentique et communique au spectateur toute sa fureur, tandis que Scott Speedman campe un policier de bonne volonté mais prisonnier de son passé, maladroit et brutal.

Construit intelligemment sur une série de flash-back bien orchestrés, le film est donc globalement bon, malgré les petites faiblesses précitées, et vous transportera dans le quotidien infernal de deux parents angoissés, et des policiers chargés de retrouver l'enfant.

Glaçant !