David Mackenzie, réalisateur de l'excellent Les poings contre les murs, reprend la caméra pour offrir à son public un film transversal. Western intimiste des temps modernes, il suit l'épopée délinquante de deux frères aux prises avec un système financier impitoyable qui grignote sans vergogne les terres texanes. Les banques s'installent, rachète des terrains, arnaquent les propriétaires avant de les expulser, et ces derniers n'ont plus que leurs yeux pour pleurer, ou leurs fusils pour tirer.
C'est du moins le message du film, qui justifie ainsi les actes délictueux de ce tout petit road-movie (le terme a été lâché mais on ne peut pas vraiment dire que la route en soit un des thèmes principaux).
Comancheria porte donc bien son nom et, pour ceux qui n'aurait pas compris, le scénariste explicite la chose dans la bouche du policier incarné par Gil Birmingham, mi-Indien, mi-Mexicain : de même que les blancs ont ravi la terre de ses ancêtres, les banques se comportent maintenant en conquérantes. Ainsi irait la vie, ainsi les deux frères seraient-ils pardonnés par leurs attaques de banques pour sauver le ranch de leur mère.
On comprend toutes les implications terribles d'un tel raisonnement. Si l'on doit prendre le fusil chaque fois que l'on se fait arnaquer, alors nos sociétés deviendront de gigantesques terrains de règlements de compte. Rappelons-le en ces temps troublés : force doit rester à la loi !
C'est précisément celle-ci qu'incarne le deuxième policier, interprété avec une grande justesse par un Jeff Bridge fatigué. Celui-ci n'est pas là pour rigoler. Chargé de l'enquête, il traque les deux électrons libres avec toute la fougue de son flair de vieux flic. Les histoires de conquêtes, il s'en cogne magistralement. Sans cesse en train de taquiner son partenaire avec des blagues ciblant ses origines, sa religion, etc., il reflète parfaitement l'image que les Occidentaux se font de la rugosité texane. Au laconisme de son "ami", il oppose une logorrhée verbale décomplexée et, lorsque celui-ci se met à lui donner sa version du capitalisme de conquête, il réalise soudainement qu'il y a quelqu'un, sous ce chapeau.
On comprend dès lors la complexité du scénario. La relation entre les deux frangins, les rapports entre les deux policiers, voici les poutrelles qui sous-tendent le tout et font échapper le scénario à la banalité.
Mais le film va encore plus loin en interrogeant les rapports familiaux. Interprété par un Chris Pine en grande forme, l'un des deux frères se bat non seulement pour son ranch, mais pour ses deux fils, qui reviennent dans le script de façon lancinante et obsessionnelle. Conscient d'avoir raté sa vie, méprisé par sa femme divorcée, il veut créer un contexte idéal pour sa progéniture ce qui, on l'aura compris, vise encore à faire passer la pilule des braquages de banques.
Le tout aurait été profondément ennuyeux sans un peu d'action. Le rire n'est pas vraiment au rendez-vous, ou de façon très épisodique, mais le suspens s'invite de façon assez efficace dans ce film bien ficelé.
Un peu plus qu'un simple divertissement, donc, qui ne devrait cependant pas laisser une empreinte très profonde dans l'histoire du cinéma.
David Mackenzie, réalisateur de l'excellent Les poings contre les murs, reprend la caméra pour offrir à son public un film transversal. Western intimiste des temps modernes, il suit l'épopée délinquante de deux frères aux prises avec un système financier impitoyable qui grignote sans vergogne les terres texanes. Les banques s'installent, rachète des terrains, arnaquent les propriétaires avant de les expulser, et ces derniers n'ont plus que leurs yeux pour pleurer, ou leurs fusils pour tirer.
C'est du moins le message du film, qui justifie ainsi les actes délictueux de ce tout petit road-movie (le terme a été lâché mais on ne peut pas vraiment dire que la route en soit un des thèmes principaux).
Comancheria porte donc bien son nom et, pour ceux qui n'aurait pas compris, le scénariste explicite la chose dans la bouche du policier incarné par Gil Birmingham, mi-Indien, mi-Mexicain : de même que les blancs ont ravi la terre de ses ancêtres, les banques se comportent maintenant en conquérantes. Ainsi irait la vie, ainsi les deux frères seraient-ils pardonnés par leurs attaques de banques pour sauver le ranch de leur mère.
On comprend toutes les implications terribles d'un tel raisonnement. Si l'on doit prendre le fusil chaque fois que l'on se fait arnaquer, alors nos sociétés deviendront de gigantesques terrains de règlements de compte. Rappelons-le en ces temps troublés : force doit rester à la loi !
C'est précisément celle-ci qu'incarne le deuxième policier, interprété avec une grande justesse par un Jeff Bridge fatigué. Celui-ci n'est pas là pour rigoler. Chargé de l'enquête, il traque les deux électrons libres avec toute la fougue de son flair de vieux flic. Les histoires de conquêtes, il s'en cogne magistralement. Sans cesse en train de taquiner son partenaire avec des blagues ciblant ses origines, sa religion, etc., il reflète parfaitement l'image que les Occidentaux se font de la rugosité texane. Au laconisme de son "ami", il oppose une logorrhée verbale décomplexée et, lorsque celui-ci se met à lui donner sa version du capitalisme de conquête, il réalise soudainement qu'il y a quelqu'un, sous ce chapeau.
On comprend dès lors la complexité du scénario. La relation entre les deux frangins, les rapports entre les deux policiers, voici les poutrelles qui sous-tendent le tout et font échapper le scénario à la banalité.
Mais le film va encore plus loin en interrogeant les rapports familiaux. Interprété par un Chris Pine en grande forme, l'un des deux frères se bat non seulement pour son ranch, mais pour ses deux fils, qui reviennent dans le script de façon lancinante et obsessionnelle. Conscient d'avoir raté sa vie, méprisé par sa femme divorcée, il veut créer un contexte idéal pour sa progéniture ce qui, on l'aura compris, vise encore à faire passer la pilule des braquages de banques.
Le tout aurait été profondément ennuyeux sans un peu d'action. Le rire n'est pas vraiment au rendez-vous, ou de façon très épisodique, mais le suspens s'invite de façon assez efficace dans ce film bien ficelé.
Un peu plus qu'un simple divertissement, donc, qui ne devrait cependant pas laisser une empreinte très profonde dans l'histoire du cinéma.