Cowboys & envahisseurs

Film : Cowboys & envahisseurs (2011)

Réalisateur : Jon Favreau

Acteurs : Harrison Ford (Col. Woodrow Dolarhyde), Daniel Craig (Jake Lonergan), Olivia Wilde (Ella), Paul Dano (Percy)

Durée : 01:57:00


Mélange explosif entre western et science-fiction, à la réalisation soignée et au casting efficace, qui raconte l'alliance improbable contre une intrusion d'aliens suréquipés dans ce bon vieux far west.

Superproduction, réalisation soignée, casting atypique et bien meilleur que ne
laissent penser les affiches, Cowboys et envahisseurs a tout pour convaincre.

De plus, ce film a la particularité de mélanger western et science-fiction.

Mettant en scène à l'origine des cowboys qui, de simples vachers dans la réalité, deviennent des hommes forts, solitaires, parfois à la gâchette facile, routiniers d'une vie dure et capables de discerner le bien ou le mal, le Western s'est progressivement transformé pour devenir plus intimiste (comme Il était une fois dans l'ouest, de Sergio Leone en 1968).

Cowboys et envahisseurs est à la croisée des chemins. Le scénario met en scène un cowboy
droit dans ses bottes, mais lui brosse un passé assez sombre.

Quant à la « science-fiction », si le terme peut être utilisé dans son sens large, il s'agit plutôt d'un western fantastique puisque historiquement et rigoureusement parlant, la science-fiction met en scène des avancées scientifiques très poussées. Le fantastique, qui introduit pour sa part des histoires irréelles dans notre monde (comme Harry Potter ou Narnia), est donc un terme plus approprié.

Cette injection du fantastique dans le western est réussie.

Alors que le film peaufine l'ambiance western surtout dans son début (étranger malmené, ancienne ville minière presque d&
eacute;sertée, saloon avec lascars, fumée et grande glace), l'apparition de ces aliens donne un effet spectaculaire et offre une dimension explosive au film (pas du niveau de la saga Transformers, mais on peut y penser) : les monstres sont bien faits (quoique leur chirurgie esthétique n'ait manifestement pas suivi leur avancée technologique !), les vaisseaux également, et faire débarquer tout ce petit monde chez les hommes aux colts plutôt qu'à notre ère change de l'habitude.

Les deux personnages principaux (bien que Daniel Craig soit le héros, Harrison Ford est loin d'être un personnage secondaire) sont tous deux confrontés à des problèmes
personnels : Jake Lonergan est à la recherche de son identité, tandis que le colonel Woodrow Dolarhyde s'empêtre dans une relation père-fils qu'il a du mal à gérer.

Ce dernier est probablement le caractère le plus intéressant. Son enfance difficile et ce qu'il a vécu durant la guerre lui ont donné une vision quelque peu pessimiste de la vie, une vision d'un monde dur où, pour vivre, il faut être un homme fort. Pourtant il en vient à confondre force (qui n'exclut pas la douceur) et brutalité : il ne s'agit pas de rendre le mal pour le mal ! Or, Woodrow veut transmettre à tous ceux qu'il rencontre, et surtout à tous ceux qu'il estime, cette philosophie de vie, notamment à son fils, qui, démuni de repères, devient la personne diamétralement opposée.

align="JUSTIFY">Ce jeune effronté est magistralement interprété par un Paul Dano, qui excelle décidément à jouer les têtes à claques (comme dans There will be blood, Paul Thomas Anderson, 2007).

Déçu, son père retrouve donc son idéal de fils dans d'autres garçons qu'il adopte instantanément (comme un jeune apache qu'il a adopté, mais aussi le jeune Emett, par exemple).

Ce personnage de Woodrow Dolarhyde progresse tout au long du film : il comprend que, dans la vie, il y a aussi l'amour (rien de gnangnan là-dessous, pour une fois), et que les revolvers et les épreuves ne sont pas l'unique moyen de forger un homme.

Derrière une barrière de rudesse, on découvre donc que cet homme cache (fort bien !)
de la bonté, et passe ainsi de la brutalité à la véritable force.

Cowboy solitaire qui ne l'a pas toujours été, Jake Lonergan, quant à lui, est un personnage droit, qui recherche sa femme et lui reste fidèle (malgré un baiser arraché...). Le fait qu'il ait été un bandit lui est un peu facilement pardonné dans le film. Les mots du pasteur sonnent juste (Dieu ne regarde pas qui tu as été, mais qui tu es), mais font peut-être oublier que toute facture doit être payée, d'une manière ou d'une autre. La miséricorde, ici-bas, écarte souvent la justice. En serait-il de même dans un monde parfait ? Probablement pas. Alors difficile d'imaginer qu'un dieu parfait s'y trompe !

Ce
n'est pas cette belle figure de Shérif, droit lui aussi et conscient de son devoir quelles que soient les difficultés, qui me contredira...

En dehors de leurs déboires personnels, tous seront confrontés au problème principal du film : les disparitions d'habitants dues aux extra-terrestres. Bien entendu, comme chacun a des raisons personnelles de courir après ces monstres (mis à part le pasteur et les hommes de mains), on les suivra jusques « dans la gueule du loup ». On assiste alors à une collaboration de fortune entre indiens Apaches, cowboys et gangsters face à l'ennemi commun.

Billevesées ! Des extra-terrestres d'accord, mais une alliance entre des cowboys et des indiens... voyons&
nbsp;! Ça n'existe pas !

On croit bien plus volontiers à Ella, issue d'une deuxième race d'extra-terrestres exterminée par la première, qui vient aider les hommes sous une apparence humaine. Celle-ci a des moeurs un peu étranges. Quand elle voit un grand vaisseau ennemi, par exemple, elle décide d'attraper une bombinette sortie de nulle part et calcule de se faire exploser au coeur du vaisseau. Chez nous on appellerait ça un suicide (et non un sacrifice puisqu'elle n'essaie pas une seconde de s'en sortir vivante), mais chez les extra-terrestres...

Un film correct donc, dans l'ensemble, qui
ne tape évidemment pas dans des strates élevées de la réflexion et du parachèvement, mais qui a l'avantage d'avoir des personnages assez complets.

Relevons quelques bruitages approximatifs et une musique assez appropriée : Harry Gregson Williams a au moins le mérite de savoir se renouveler.