Daddy Cool

Film : Daddy Cool (2014)

Réalisateur : Maya Forbes

Acteurs : Mark Ruffalo (Cameron), Zoe Saldana (Maggie), Imogene Wolodarsky (Amelia Stuart), Ashley Aufderheide (Faith Stuart)

Durée : 01:30:00


Daddy Cool nous présente un type maniaco-dépressif aux symptômes excentriques. Une exagération pour pouvoir en rire plutôt qu’en pleurer ? Difficile à dire, tant cette maladie peut être différente selon les individus. Le syndrome bipolaire de ce père de deux petites filles oblige maman à bosser loin la semaine, pour ne revenir que les week-end. Les rôles père-mère semblent inversés. Crises de nerfs du père, honte des enfants, vulnérabilité de la femme, toutes les circonstances se liguent pour leur promettre l’enfer. Papa se dispute avec les fillettes en subissant de plein fouet son déséquilibre par rapport à leur normalité (l’aînée a presque plus le sens des responsabilités que lui), maman est absente… Dans un esprit contemporain néo-malthusien, on commence à se dire qu’ils auraient mieux fait de s’abstenir : pas de gosses, et même, pas de mariage, ça aurait évité bien des problèmes ! Et c’est là que malgré ses allures de téléfilm, sa musique de spot publicitaire et ses bons sentiments, Daddy Cool sort du lot. Malgré la souffrance, permanente, la croix à porter pour chaque personnage, on s’aperçoit que l’amour les maintient en vie, la tête hors de l’eau. La femme sauve les meubles en gagnant l’argent, le père malade se bat contre son mal pour élever ses filles, qui elles, tirent de leur douleur une force précoce. La famille, en réalité, à travers ses difficultés parfois décourageantes, les transcende, et devient leur salut. On ne donnerait pas cher des uns sans les autres. Porté par un Mark Ruffalo extraordinaire pour les uns, « Brandoesque » si l’on peut dire (sa prestation est une leçon de La « Méthode »), coupable de surjouer pour les autres, Daddy Cool se rapproche de la finesse psychologique d’un Gilbert Grape (de Lasse Hallström, 1994), notamment par son sens du détail, et des dialogues d’un réalisme frappant. Un hymne à la famille, souffrant certes de quelques clichés (musicaux surtout), mais touchant tout de même, et à contre-courant de la logique mortifère ambiante.