De l'art de s'amuser avec les extraterrestres

Film : Men in Black (1997)

Réalisateur : Barry Sonnenfeld

Acteurs : Tommy Lee Jones (Kevin Brown / Agent K), Will Smith (James Edwards III / Agent J), Linda Fiorentino (Laurel Weaver / Agent L)

Durée : 01:38:00


Men In Black atterrit un peu comme un ovni comique dans la lignée des films extraterrestres qui ont marqué le dernier quart du XXe siècle. Un an après Independance Day (1996), Will Smith rempile pour un film du genre qui se donne ouvertement pour objectif de faire rire les salles, pendant que les Aliens et autres Predators méchants et gluants s'occupent de les terrifier.  Men In Black, c'est avant tout la rencontre atypique entre un sourcilleux en apparence imperturbable (Tommy Lee Jones) et un dilettante étrangement efficace (Will Smith). Le premier recrute le second dans une unité fédérale secrète chargée de surveiller l'évolution de la vie extraterrestre sur Terre. Les extras ont le droit de vivre parmi nous, mais à condition de se tenir tranquille ! Aventure new-yorkaise par excellence, MIB se veut culotté et familier avec les monstres. Le débarquement de Will Smith dans un monde sérieux et dangereux a pour effet de dessiller l'atmosphère de la science-fiction. Dès qu'il enfile son nouveau costume d'agent et qu'il dit : "sur moi, c'est la classe !", on devine que la terreur supposée du monde de l'étrange va devenir un gag sympathique.

Avec le recul, MIB a un peu vieilli d'un point de vue esthétique bien que les effets spéciaux soient de bonne qualité pour l'époque. La sympathie avec les monstres a ses limites côté dialogues, tout comme celle des animaux qui parlent. Mais le film assume son côté décalé avec la réalité, notamment par le fait que les agents MIB ont l'obligation d'effacer régulièrement la mémoire des humains découvrant des extraterrestres. La cohabitation entre l'homme et son singe malfaisant est rendue illusoire : pour vivre avec des êtres inhumains, ces agents spéciaux doivent renoncer à une vie humaine et sociale. La sortie de leur monde est comparée à une sortie du coma, comme si toute cette aventure n'avait été qu'un rêve mêlant des personnages et des objets sans aucune logique.

Riant de lui-même, le film est devenu prétexte à des suites plus ou moins réussies en 2002 et 2012 qui n'ont évidemment pas bénéficié de l'effet de surprise du premier opuscule. L'ultra-réalisme a aujourd'hui refermé la parenthèse de ces années Mars Attacks (Tim Burton, 1996). On s'aperçoit d'ailleurs que la menace extraterrestre n'était pas si risible que ça dans l'esprit des services américains à l'époque de ce premier volet MIB de Barry Sonnenfeld. On sait aujourd'hui selon le New York Times (18 décembre 2017) que le Pentagone a bénéficié d'un budget opérationnel de 22 milliards de dollars dans les années 2000 pour financer un programme ultrasecret destiné à enquêter sur les OVNI. Le programme aurait été stoppé en 2012 pour faire des économies... Comme quoi ne riez pas trop vite, la menace pourrait être réelle !