De toutes nos forces

Film : De toutes nos forces (2013)

Réalisateur : Nils Tavernier

Acteurs : Jacques Gamblin (Paul Amblard), Alexandra Lamy (Claire Amblard), Fabien Héraud (Julien Amblard), Sophie de Fürst (Sophie Amblard)

Durée : 01:30:00


Un père distant, un handicapé (réel), une course, une Alexandra Lamy... Il faut reconnaître que tous les ingrédients sont là pour tirer quelques larmes, surtout à ceux qui, comme moi, sont des gros nounours avec un cœur en guimauve. Mais ne nous y trompons pas : ces ingrédients sont tout aussi efficaces pour déboucher sur un bon gros navet bien de chez nous d'autant, rappelons-le, que le film est français.

Au départ, malgré un joli travelling circulaire en hélico, on a un peu peur. La musique nous abandonne soudainement dans le quotidien d'un petit village alpin, où un fils handicapé est délaissé par son papa, dignement interprété par un Jacques Gamblin au sommet de la tête d'enterrement. Au milieu de tout ça Alexandra Lamy, le verbe rapide et énervé comme toujours, se fond dans le décor et nous sert de bonnes assiettes de soupe à la grimace. Moi, je ne voulais pas venir, mais ils ont cadenassé les portes du cinéma...

Et puis, soudainement, tout s'accélère. Le thème du handicap, c'est manifeste, est traité avec soin. Tout est fait pour montrer que le handicapé intériorise l'autre dans la différence de son rapport au tiers tout en gérant l’ambiguïté de son statut aliénant. Sans rigoler maintenant : c'est pas mal fait du tout ! Les difficultés quotidiennes du handicap sont très bien montrées, tant dans leur dimension physique que psychologique et même, disons-le au risque de choquer le consommateur moyen, morale. Peut-être l'entourage de Julien (le handicapé) est-il montré comme un peu trop hostile même si, il faut bien le reconnaître, je trouve les gens de plus en plus méchants (il n'y a pas que les handicapés, il y a les mendiants). La vieille dame acariâtre de la rue, la pimbêche du restaurant... Les gens sont-ils vraiment si durs ?

La relation père-fils est évidemment au centre du film. Julien, c'est malheureux, va devoir apprivoiser son père et l'étonner pour mieux capter son affection. Une fois la chose faite, son père (et sa mère, en second plan) se découvre tel qu'il est et décide d'évoluer. La progression de cette relation est bien rendue et le film (Dieu merci !) n'est pas larmoyant. Peut-être est-ce dû à la présence du sport et au fait que Jacques Gamblin, bien avant le projet du film, s'était déjà intéressé au sujet dans un de ses livres. Quand on sait qu'Alexandra Lamy, de son côté, projette un documentaire pour Envoyé spécial sur la question des enfants atteints de maladie grave, on se dit que tout ça tombe fort bien !

La course elle-même est très bien filmée. Nils Tavernier, fils de Bertrand, a donc de qui tenir. La caméra adopte soudainement un dynamisme qui manquait (volontairement peut-être) au début du film. On a le trac avec les athlètes, on souffre avec eux, on vibre avec la famille de Julien, on pleure avec le père exténué (je vous avais bien dit que j'étais sensible !)... Les émotions virevoltent à grande vitesse et nous projettent dans le cœur de ces gens simples et sincères, très bien interprétés par des acteurs au top de leur forme.

Contexte sportif aidant, on sort de ce film requinqué, avec le goût de la victoire dans la bouche et l'envie d'en découdre avec la vie.