Des ficelles emmêlées par une adaptation balourde

Film : Le Bonhomme de neige (2017)

Réalisateur : Tomas Alfredson

Acteurs : Michael Fassbender (Detective Harry Hole), Rebecca Ferguson (Katrine Bratt), Charlotte Gainsbourg (Rakel Fauke), Val Kilmer (Gert Rafto), J.K. Simmons (Arve Støp), Toby Jones (Investigator Svenson),...

Durée : 1h 59m


Issu d’un roman noir palpitant, Le bonhomme de neige trouve logiquement son adaptation. 

Deux mondes se confrontent, portés par des personnages peu enviables : le moderne, acceptant la destruction de la filiation soit comme une fatalité, soit comme un mal pour un bien ; et l’anti-moderne, qui souffre de cette destruction. 

Mais comme souvent, le scénario se contente de ses combinaisons astucieusement ficelées pour impressionner, laissant de côté la profondeur d’une telle confrontation. Pourtant, les polars qui accordent une vraie place aux réflexions morales sont justement ceux qui frappent le plus, avec une force bien supérieure aux simples effets des rebondissements : Heat (1995), The Town (2010), Prisoners (2013)… 

 Malheureusement, ce n’est pas tout. La réalisation est d’une lourdeur magistrale : plans-chocs sur les victimes du méchant, effet musical caricatural à l’appui ; têtes découpées des dites victimes en caoutchouc, éternel coup de l’allumage des phares de la voiture menaçante, plan de dos sur le bras du tueur rappelant le parodique La cité de la peur (1994)… 

Le charisme de Fassbender et le décor glaçant de Norvège sauvent plus ou moins le film, mais avec un tel scénario de base (enfin, l’histoire du livre), le suspense aurait dû être insoutenable, les portraits plus complexes, les rebondissements plus frappants… On sort de là comme d’un bon téléfilm, avec sa photo grisâtre, sa noirceur amère et ses traditionnels retournements, mais sans l’effet majeur d’un film réaliste : la sensation d’avoir vu des faits authentiques, et en l’occurrence l’horreur qu’inspire un tueur sans limites, la soif brutale de justice que doit sentir le spectateur, l’empathie pour les victimes, et la réflexion morale découlant des causes qui animent chaque personnage. Tout cela manque à l’appel, et on sent poindre le gâchis.

 Quand on adapte un grand livre, on engage un grand metteur en scène : Scorsese, producteur exécutif du film, aurait dû en savoir quelque chose, et en toucher mot aux producteurs, lui qui s’était superbement chargé de Shutter Island (2010) …