Elvis & Nixon

Film : Elvis & Nixon (2016)

Réalisateur : Liza Johnson

Acteurs : Michael Shannon (Elvis Presley), Kevin Spacey (Richard Nixon), Alex Pettyfer (Jerry Schilling), Johnny Knoxville (Sonny)

Durée : 01:26:00


L’incroyable rencontre. Elvis, et Nixon. Incroyable parce que ce dernier n’était pas vraiment une sorte d’Obama cool, poseur et clownesque. Les deux hommes sont des opposés radicaux. Le premier est beau, bête, innocent, tombeur, fragile ; le second, plutôt laid, redoutablement intelligent, quelque peu cynique, et solide. L’un est l’éclatant reflet du peuple consommateur et diverti, l’autre est celui qui tient les ficelles.


Pourquoi une telle rencontre ? Une seule phrase suffira, qui tombe dès les premières secondes du film, histoire de vous mettre l’eau à la bouche sans dévoiler le reste : « Elvis Presley décréta que le peuple américain avait besoin de lui ». THE King allait proposer son aide au président. Mais l’un est président de la première puissance mondiale, l’autre est roi des salles de concerts !


En allant farfouiller quelque peu dans l’intimité de ces personnages atypiques, le film montre avec finesse et humour le gouffre qui les sépare. Ce contraste nous interroge sur deux espèces différentes : ceux qui gouvernent, et ceux qui sont gouvernés. On se demande, finalement, qui est vraiment roi : est-ce celui qui roule sur l’or, ou celui qui commande ? Manifestement, l’or sans ruse n’est pas grand-chose, juste une monnaie pour caprices vains. Qui est roi ? Le riche manipulé, ou le pauvre libre penseur ?


Les inconditionnels du King auront mal au cœur : la satire est de mise. Quand on voit cette star immense, aussi touchante par sa bonne volonté que ridicule par son décalage avec le réel, et justement tourmentée par ce déracinement… On s’y attache, et on en rit à la fois. Chapeau Michael Shannon, dont la tête ne rappelait pas vraiment la star, mais dont le jeu efface cette tare, et mériterait plus de scènes complexes encore. Quant à Nixon, magistralement interprété par Kevin Spacey, il s’avère également assez attachant, car libre. Et les deux sont bien entourés : devant un film, si vous vous fichez de la mort d’un héros important, c’est que la sauce n’a pas pris. Mais quand les problèmes d’avion à ne pas rater d’un personnage secondaire deviennent votre plus grand souci pendant vingt minutes, c’est que vous êtes dedans.   

Adaptation d'un événement historiquement anecdotique, cet Elvis & Nixon dresse pourtant deux excellents portraits d’hommes à part, et ne frustre que par le début redouté du générique de fin.