Un professeur d'université qui va propulser une jeune banlieusarde au sommet de la rhétorique, voilà un "pitch" propre à transformer n'importe quelle bonne intention en navet intergalactique...

Et de fait le film ne parvient pas à éviter certains écueils : l'agent de sécurité qui ne contrôle pas les étudiants sauf notre héroïne "bronzée", l'individu gosse de riche, arrogant et suffisant, nommé Prouteau pour la circonstance (ça ne vous dit rien ?) et qui sort une phrase raciste en pleine joute oratoire, bref... On est en plein dedans.

Pourtant le film parvient à s'extirper de la critique trop vindicative en ne présentant pas le professeur sous un jour trop sévère. Daniel Auteuil parvient même, par son excellent jeu d'acteur, à nous rendre ce monsieur assez sympathique ! De ce fait les phrases provocatrices, quoique qualifiée de racistes DANS le film, ne sont pas traitées comme telles PAR le film, ce qui d'une part fait échapper à la culpabilisation ambiante, et d'autre part fait dans une certaine mesure passer les pisse-froid de l'administration pour des imbéciles apeurés, puisque ces derniers prévoient de faire passer Pierre Mazard en conseil de discipline...

Pourtant, l'enseignant "évolue" pendant le film, ce qui laisse supposer qu'il fut excessif en bien des points et de bien des manières, et ce qui montre aussi combien le film prend de précautions avec le sujet.

Il ne manquera donc pas de gens pour s'extasier ou pour s'insurger, selon leur positionnement sur l'échiquier idéologique, mais la meilleure façon d'approcher ce film est probablement de le faire simplement, en gardant son libre-arbitre et en profitant de cette mignonette histoire dans laquelle la rhétorique de Schopenhauer se taille la part du lion.

Pour une fois qu'un film est intelligent, ne boudons pas notre plaisir !