Eternal sunshine of the spotless mind

Film : Eternal sunshine of the spotless mind (2003)

Réalisateur : Michel Gondry

Acteurs : Jim Carey, Kate Winslet, Kirsten Dunst, Elijah Wood, Mark Ruffalo et Tom Wilkinson. .

Durée : 01:48:00


Dans une interview, Michel Gondry a déclaré « J’essaie de reproduire sur le plateau le chaos qui existe dans ma tête ». Avant d’être réalisateur, Michel Gondry est avant tout un poète – et tout poète qui se respecte doit être un peu chaotique dans sa tête – qui a gardé précieusement en lui les
tendres souvenirs de l’enfance. C’est le cadre qu’il a voulu donner à son film. On a gardé le titre original parce qu’il est en effet impossible de le traduire sans le rendre trop morne. On retiendra « spotless mind », l’âme immaculée.

Le choix de Jim Carey dans le rôle de Joel, personnage plutôt introverti et artiste à ses heures perdues peut surprendre à première vue. Mais l’acteur n’a pas fini de nous surprendre et nous montre une fois de plus qu’il a plus d’une corde à son arc ! En effet, il répond tout à fait aux exigences du poète-réalisateur Michel Gondry. Le duo qu’il forme avec Kate Winslet et l’histoire qu’ils vivent appartiennent au domaine de la fable mais ont en même temps une dimension réelle qui fait qu’ils peuvent nous toucher d’autant plus. Voilà la clé du film : c’est une intrigue où se mêlent fiction et réalité, fable et vie quotidienne.
Plus précisément, la « base temporelle » du film (excusez le terme pompeux) est cette nuit fatidique
où Joel décide de faire effacer de son cerveau tous les souvenirs qu’il a emmagasinés avec Clémentine. Mais l’essentiel du film est constitué d’une alternance de flash-backs et de retours au présent au fur et à mesure que la machine passe en revue et désagrège ces souvenirs. Et à chaque fois, Joel lutte désespérément contre l’oubli et met toute son ingéniosité en œuvre pour ne pas oublier l’inoubliable.

Si les plus pointilleux pourront peut-être reprocher au film d’être justement un peu répétitif, il n’empêche que ce film plaira à tous. Les amateurs de poésie, les nostalgiques de l’enfance et les amoureux d’histoires poignantes seront comblés. Un grand film !

Eternal sunshine of the spotless mind est une fable, et comme chacun sait, toute fable a sa morale. Que pourrions nous retenir du film ? Que vouloir tout oublier, tout enterrer du passé est une solution de facilité, de lâcheté même. C’est vrai. Il faut apprendre à savoir oublier les
écarts tout en gardant les bons côtés. Ou plutôt ne garder des écarts qu’une leçon pour mieux vivre par la suite. En clair, il faut « affronter » son passé pour mieux aborder le futur. Cette morale est tout à fait louable.

Ce que Michel Gondry nous met en scène est moral dans les deux sens du terme : moral en ce qu’il tire une leçon de l’intrigue, et, plus concrètement, moral en ce qu’il n’y a pas – ou presque pas – de scènes choquantes. Il y a bien quelques courts passages légèrement sensuels voire érotiques (encore que le mot paraisse exagéré). À cela on peut ajouter que Joel et Clémentine vivent dans une situation de concubinage, mais rien n’est clairement montré, le peu qu’il y a est suggéré et le film reste très pudique.

Jérémy LE GAL