Evasion

Film : Evasion (2013)

Réalisateur : Mikael Hafstrom

Acteurs : Sylvester Stallone (Ray Breslin), Arnold Schwarzenegger (Emil Rottmayer), Jim Caviezel (Willard Hobbes), Vincent D'Onofrio (Lester Clark)

Durée : 01:56:00


Il y a deux façons de regarder le casting Shwarzenegger/Stallone : ou bien on persifle en remarquant que, vu leur âge avancé, il faut qu'ils se mettent ensemble pour réussir à remplir les salles, ou bien on salue le retour amusant et amusé de deux poids lourds du cinéma des années 80-90.

Je n'ai choisi ni l'une ni l'autre, pour faire mon intéressant. Ces deux acteurs ont effectivement un peu le pied dans la tombe de l'oubli (quoiqu'ils resteront toujours dans les cœurs de leurs fans), mais ils n'ont évidemment aucun besoin de faire les kékés au cinéma pour boucler leurs fins de mois.

De plus, juger de la qualité d'un film avec des considérations aussi vaines est tout sauf du niveau de L'écran. Alors au travail : que vaut ce film ?

Pas de film sans bon scénario. Miles Chapman, à l'origine du projet, s'y colle. Ça va être compliqué pour lui. Il n'a qu'un film (Road House 2) et une série (Cybergeddon) à son actif. Mais il y met tout son cœur et, en définitive, le résultat est assez satisfaisant. Le film sautille de rebondissements en rebondissements, parvient à instiller le doute au spectateur, évite le foisonnement de formules consacrées spéciales « nanar, » et fait même s'affronter juste un peu les deux rhinocéros, histoire de flatter l'attente des bourinous buveurs de bière.

Du côté de la mise en scène, du classique. Rien de surprenant, ni de trop plat. On se laisse happer par l'image avec un certain plaisir et Mikael Hafstrom (réalisateur du film Le rite) a manifestement refusé une réalisation trop « années 80 » comme dans les Expendable. Il fait ainsi appel à des effets spéciaux efficaces et une modélisation numérique pointilleuse.

Vient ensuite le jeu des acteurs. Nous n'en retiendrons que trois : les deux troncs, et Jim Caviezel (qui incarnait le Christ dans la Passion). Pour les deux premiers il y a, c'est évident, un charisme fou qui les précède. La caméra n'a pas besoin d'en faire des caisses pour que le regard vitreux de Stallone et la tête de gibbon de Schwarzy installent une confortable sensation de puissance à l'écran. Pourtant, les deux pépères évitent soigneusement de se montrer torses nus comme à l'ancienne (à en regarder les muscles raplapla de Sylvestre (pas le chat), heureusement !).

Non, le vrai gagnant de ce film, le winner absolu, c'est incontestablement Jim Caviezel (toute opinion contraire sera sévèrement réprimée). Le dit bonhomme s'incarne dans la peau d'un directeur de prison retors et impitoyable avec une sincérité déconcertante et montre au monde entier qu'il est un excellent acteur.

D'un point de vue éthique, la forme du film est infiniment plus indulgente que les nanars des années 80. Aucune scène érotique et, c'est notable, une violence contenue et contrôlée (est-ce la bonne influence de Schwarzy ?).

Quant au fond, il est à peu près aussi plat qu'une limande. Si les personnages n'incarnent aucune valeur, il n'en fustigent aucune non plus. On se contentera de noter la place volontairement complaisante faite au chef de gang musulman, certainement façon pour les américains de s'excuser après avoir tout cassé les jouets du Moyen-Orient... C'est un peu facile, mais si ça fait des films rigolos...