Everest

Film : Everest (2015)

Réalisateur : Baltasar Kormákur

Acteurs : Jason Clarke (Rob Hall), Jake Gyllenhaal (Scott Fischer), Josh Brolin (Beck Weathers), John Hawkes (Doug Hansen)

Durée : 02:02:00


Dans les années 90, le business de course en haute montagne s’est développé, avec l’apparition d’entreprises comme « Adventure Consultants » qui propose à ses clients de les mener au sommet de l’Everest moyennant 65 000$. En mai 1996, Rob Hall entame l’ascension avec ses clients et ses partenaires, pour ce qui deviendra la course la plus meurtrière de l’histoire de l’Everest – jusqu’à l’an passé où 16 sherpas trouvèrent la mort dans une avalanche.

Everest est avant toute chose un film d’aventure, un film d’équipe, ou des personnages d’horizons différents s’assemblent pour une expérience extraordinaire. L’exposition est bien menée et crée tout de suite l’ambiance à la fois chaleureuse et extrêmement dangereuse de la course en haute montagne, en promettant de nombreux enjeux dramatiques. Puis le film perd lentement son rythme avant de nous réveiller avec un dernier acte au suspens paralysant !

On peut aisément juger de l’efficacité de la mise en scène, impressionnante et très humaine, qui symbolise très simplement le combat entre la montagne et le montagnard… On peut aussi admirer la qualité du scénario et du jeu d’acteur, qui servent avec humilité la mémoire des disparus, tout en construisant des scènes et des dialogues d’un grand réalisme. Mais le problème du film est la difficulté à fournir une réponse plausible – ou ne serait-ce qu’une proposition – à la question « pourquoi ? » Pourquoi ces gens mettent leur vie en danger pour la montagne alors qu’ils ont une famille ? Ou encore, ceux qui n’ont rien a perdre, seraient-ils là précisément pour fuir ? Pour mourir ?

Le réalisateur, Baltasar Kormákur, dit comprendre ces choix, sans pour autant les expliquer. Il prend malgré tout l’initiative de mettre des morales de bas étage dans la bouche de ses personnages du type « Je peux donc je dois… », « Quand je suis chez moi je me sens mourir ; ici, je revis ». C’est bien beau, mais c’est condamner les montagnards à la dépression ou à la folie… N’y-a-t-il pas quelque chose de plus grand et de plus beau qui pousserait l’homme vers la montagne ? Pier Giorgio Frassati allait-il sur sa montagne pour fuir ? Il paraît difficile de croire que ce sont des pensées négatives qui ont poussé l’homme à ces plus grands exploits. Relisons Terre des Hommes ! Fuir ou faire le beau est à la porté de n’importe quel animal, mais ce que Guillaumet a fait, « jamais aucune bête ne l’aurait fait » Pourquoi ? Kormákur le sait-il ?

Everest est un beau film, tant de point de vue de l’image que du point de vue de l’émotion – mouchoir à prévoir pour une scène en particulier – mais il manque l’occasion de parler avec un peu plus d’estime de la grandeur de l’homme et de ce qui le pousse toujours verso l’alto.