Gardiens de l'ordre

Film : Gardiens de l'ordre (2009)

Réalisateur : Nicolas Boukhrief

Acteurs : Cécile de France (Julie), Fred Testot (Simon), Julien Boisselier (Marc), Nicolas Marié (Le Commissaire Principal) .

Durée : 01:45:00


La descente aux enfers de ces deux agents dans les milieux de la drogue n'était pas un sujet facile à traiter en deux heures. Pourtant le film y parvient avec une justesse rare. Bien sûr on retrouve la french touch réaliste, critique, brutale, dépressive... Le personnage du commissaire de police est brossé avec bien peu de bienveillance, les relations professionnelles entre collègues ne sont franchement pas idylliques et Cécile de France nous offre sa tête des mauvais jours tout au long du film, mais la gravité du sujet s'y prête. La performance de Fred Testot est très crédible et le scénario excellent. Seul petit point noir : que veulent réellement prouver les deux policiers ? Que le jeune homme abattu était sous emprise ? Ils n'en apportent aucune preuve. Qu'ils sont de bons policiers (« ça va être dur de les virer maintenant ! ») ? N'auraient-ils pas pu le prouver en respectant la hiérarchie ? Leur motivation reste floue même si l'on comprend que cette enquête hors-piste est vitale pour leur avenir professionnel. S'il évite la caricature à la Besson, Nicolas Boukhrief évite aussi la violence à la Tarentino. Pas de complaisance dans ce film qui reste violent parce que la matière est violente. Violence physique, psychologique, morale. En témoignent les moments où les deux policiers doivent se droguer pour avoir l'air crédibles. Lorsqu'il acceptent de franchir le pas, la fin finit par justifier leurs moyens. Plus intense encore est la situation où les trafiquants leur demandent d'achever un homme. Cet homme se révélant être celui qui allait les dénoncer aux trafiquants, fallait-il accepter de le tuer ? Le film regorge ainsi de questions éthiques passionnantes qui sont posées sans réel parti pris. Soucieux de préserver la paix publique le commissaire a ce mot malheureux : « Mieux vaut une petite injustice qu'un grand désordre. » Sous apparence de bien, le voilà prêt à sacrifier deux agents dont il a la responsabilité pour éviter un scandale politique, pour protéger un « ordre » qui n'en a que le nom, puisqu'il s'agit d'un ordre déconnecté du bien commun. Est-ce ce contexte particulièrement difficile qui pousse deux policiers ne se connaissant pas, ne discutant jamais de leur vie privée, n'ayant pas grand'chose en commun mais obligés de simuler une vie maritale pour les besoins de leur cause, à se donner l'un à l'autre avant même de tomber amoureux ? Même si cette absence de connaissance mutuelle et d'introspection confère au film un pragmatisme qui frôle la superficialité des caractères, il ressort malgré tout une profondeur d'analyse, due à l'excellence de l'étude criminologique.