Gemma Bovery

Film : Gemma Bovery (2014)

Réalisateur : Anne Fontaine

Acteurs : Gemma Arterton (Gemma Bovery), Jason Flemyng (Charlie Bovery), Fabrice Luchini (Martin Joubert), Isabelle Candelier (Valérie Joubert)

Durée : 01:39:00


Fabrice Luchini, on le sait, a un penchant immodéré pour la littérature. Les films dans lesquels il joue sont donc à la mesure de cet appétit, et si la littérature est très présente dans ce dernier film, elle n'est pas cette fois étalée dans un défilé de connaissances livresques, mais prise pour ce qu'elle devrait toujours être : un miroir de la vie.

Adaptation cinématographique de la bande-dessinée de Posy Simmonds Gemma Bovery est, on l'aura compris, l'ultime transposition contemporaine du Madame Bovary de Flaubert (à la différence du film de Chabrol qui avait cherché à rester dans l'époque). Mais il est plus que ça. Il est avant tout l'histoire d'un homme ennuyé (une ancienne plume aujourd'hui coincé entre une femme terre à terre et un adolescent paumé), qui va tout faire pour retrouver dans les pages de la vie une histoire aux dimensions de son imagination.

Dans ce film au scénario intelligent, à la mise en scène parfois audacieuse, la Bovery rejoint donc les tourments ridicules (oui je sais, parti pris ! :-)) de la Bovary, mais dans les yeux fouineurs d'un boulanger mélancolique.

L'existence du personnage incarné par la très jolie Gemma Arterton (rappelons aux parents inquiets pour l'avenir de leur progéniture que cette princesse naquit avec une oreille froissée et atteinte de polydactylie, comme quoi rien n'est jamais perdu !) va donc livrer ses secrets à un Luchini voyeur non des corps, mais des âmes, jusqu'à la folie malsaine de rêver à des suicides.

Martin Joubert, c'est le nom du personnage, s'évade donc de son quotidien dans une romance unilatérale où les inconvénients chasseront les avantages. À défaut de pouvoir toucher à la belle, il n'échappera pas à la jalousie de la voir avec d'autres (tant d'autres mais jamais lui), et puisera dans cette souffrance cette complaisance coupable qui fut l'essence du romantisme.

Pour enrober le jeu d'acteurs correct, la production a fait appel à Bruno Coulais, l'excellent compositeur attitré de Luc Besson. Mais pour cette fois, celui-ci a fait dans le classique. A part le choix judicieux du 1er concerto de Haendel dans la cathédrale de Rouen, le reste ne laissera aucun souvenir impérissable, sauf peut-être celui de Gemma Arterton dansant pinceau à la main sur le Bambou d'Alain Chamfort...

Quoiqu'il en soit, à côté du dernier film d'Anne Fontaine, Perfect mothers, ce film fait figure d'enfants de chœur.