Green zone

Film : Green zone (2010)

Réalisateur : Paul Greengrass

Acteurs : Matt Damon (Roy Miller), Amy Ryan (Lawrie Dayne), Greg Kinnear (Clark Poundstone), Jason Isaacs (Le lieutenant Briggs), Antoni Corone (le Colonel Lyons), Sean Huze (Conway), Nicoye Banks (Perry),...

Durée : 01:55:00


un excellent casting pour un très bon scénario, et une réalisation sans bavure pour un réalisme amplifié par une caméra épaule intimiste, font de Green Zone un film très intéressant. Les événements pourtant assez complexes sont présentés avec une grande clarté. Universal signe un nouveau film sur la guerre du Moyen-Orient, un peu atypique dans la mesure où il étudie autant le quotidien des militaires américains que les ficelles politiques de la guerre en Irak. Il s'agit d'un point de vue partial mais pertinent sur la fameuse absence d'armes de destruction massive en Irak. Sans prendre position sur les causes elles-mêmes de la guerre irakienne, Greengrass brosse le portrait d'un Washington pragmatique et impitoyable, prêt à tous les coups tordus pour étendre son hégémonie. Matt Damon incarne un personnage intègre, un peu trop curieux au coeur d'une partie d'échecs qui le dépasse de très loin, ce qui aurait d'ailleurs probablement fait peser beaucoup plus de menaces sur sa vie dans la réalité que dans le film. On peut s'étonner de l'absence de hiérarchie intermédiaire, puisque cet adjudant-chef n'a affaire qu'au responsable de la CIA ou à un conseiller de la Maison Blanche. Cette absence est d'autant plus remarquée que Roy Miller prend des initiatives qui dépassent de très loin ses attributions, et on peut se demander si la généralisation de cette indiscipline ne porterait pas un coup fatal à l'armée américaine : mise en danger de son interprète de façon inconsidérée, intervention très risquée sans l'aval de sa hiérarchie pour capturer un général ennemi, etc. La soif de vérité et la probable injustice sont-elles des raisons suffisantes pour adopter ce genre de comportement ? Probablement pas et si les opérations n'avaient pas été couronnée de succès, le spectateur aurait probablement été le premier à accuser Miller. En l'occurrence, ce n'est que parce qu'il fait du bon travail que l'on est enclin à excuser ce comportement fort discutable. La vision de la présence américaine en Irak est modérée par les nombreux points de vue évoqués dans le film. Le point de vue du militaire du rang, qui est là juste pour faire son travail, celui de l'irakien combattant la présence américaine en Irak, celui de l'irakien soutenant la présence américaine pour un avenir meilleur, celui des politiques qui ont chacun leur idée sur la façon de redresser l'Irak, et celui des journalistes qui recherchent la vérité de façon plus ou moins adroite. On notera au passage la critique acerbe contre les journalistes manipulés par la Maison Blanche, et rendus frénétiques par la soif du « scoop. » Un film prenant qui a le mérite d'éviter toute violence complaisante.