Hacker

Film : Hacker (2015)

Réalisateur : Michael Mann

Acteurs : Chris Hemsworth (Nicholas Hathaway), Tang Wei (Lien Chen), Viola Davis (Carol Barrett), Ritchie Coster (Elias Kassar)

Durée : 02:13:00


Heat, Collateral, Public Ennemies… Michael Mann est un vieux géant d’Hollywood. Très soigneux, il ne sort un film qu’une fois tous les 5-6 ans. On se demandait ce que ce vétéran avait encore à nous montrer, s’il savait s’adapter aux canons du thriller en 2015, et à l’univers de la technologie, extrêmement fertile dans les années 80-90, et bien moins aujourd’hui (je parle de micro-informatique).

Amis cinéphiles, rassurez-vous, malgré les déçus d’Allociné, qui notent mieux un Avengers qu’un Nouveau Monde (Terrence Malick), le maître donne une leçon de réalisation. Comme d’habitude, franchement. Entre les plans vertigineux dans les entrailles des circuits informatiques, son regard poétique sur l’urbanisme nocturne, et son art de filmer l’action, on retrouve ce qu’on aime le plus chez Michael Mann.

Pour ce qui est du fond, on retient que comme souvent, l’auteur de ce Blackhat (titre original) sort un tandem homme héros – femme tourmentée par la violence masculine. Cet aspect théâtral, très présent dans Heat (dont le dilemme cornélien de la fin fait référence), est hélas bien plus banal ici, et pas aidé par un Chris Hemsworth bourré de charisme, mais un peu trop parfait.
Hacker n’échappe pas au défaut dominant de son auteur : le manque d’épaisseur des personnages (Heat fait exception). Mais on apprécie tout de même que la force de l’amour et des liens fraternels aient toujours une place de choix dans un thriller. Rares sont ceux qui font cet effort. Et c’est justement cette profondeur supérieure qui place par exemple un The Town au-dessus des thrillers habituels, souvent très bons, mais entièrement « scénaristiques », où les personnages ne sont que des pantins exécuteurs des ficelages de l’histoire. Là-dessus, Hacker s’incline fébrilement devant Heat.

Démarré sur les chapeaux de roues, on attend un coup de génie final, qui s'est finalement voulu plus symboliste que grandiloquent. Frustration relative après avoir quand même assisté à un magistral mélange entre drame et polar technique de haute volée. Le coup d’œil de Michael Mann sur les plans, les décors, et la photo frise la perfection.
Violent, sanglant, explosif, le spectacle est viril. Un nouveau combat de loups (Collateral…), féroce, dirigé par un maître plus ambitieux que jamais.