Honey 2 - Dance Battle

Film : Honey 2 - Dance Battle (2011)

Réalisateur : Bille Woodruff

Acteurs : Katerina Graham (Maria Ramirez), Seychelle Gabriel (Tina), Randy Wayne (Brandon), Mario López (Mario Lopez), Christopher 'War' Martinez (Luis), Audrina Patridge (Melinda), Melissa Molinaro...

Durée : 01:50:00


Un film exploitant le thème de la réalisation personnelle dans la danse de façon intéressante, mais trahi par une réalisation très insuffisante.

Et voilà un énième film sur la danse de rue, sept ans après la sortie du premier épisode, du même réalisateur. Décidément le thème est à la mode ! Après les films Street Dance (de Max Giwa, en 2009), ou Sexy dance (de Jon Shu, en 2010), l'année 2011 répond à l'appel en mettant en scène un nouveau « crew » (nom donné à une équipe de danseurs de rue) pour des prouesses techniques admirables !

align="justify">Car il est indéniable que la performance est au rendez-vous. La danse ne puise plus son inspiration dans la grâce et la légèreté, mais dans le conflit et la démonstration de force. Les mouvements ne sont plus fluides mais cassés, brutaux, et l'appel à d'autres disciplines (dont la danse classique) dans les chorégraphies n'est animé que par un souci d'originalité.


En revanche la sensualité est la grande invitée du moment. En tant que sport authentique, la danse donne la
bonne conscience du frotti-frotta, comme si l'alchimie des corps n'engageait pas celle des âmes. Plus encore, les danseurs ont clairement adopté les codes de la pornographie, ce qui permettra aux amateurs du genre de réviser en toute quiétude le kamasutra. Certaines danses sont même extrêmement proches des codes du strip-tease !

Allons, allons ! Restez calme ! Je n'ai pas dit que la danse était de la pornographie, et loin de moi l'idée de nier les qualités exceptionnelles de ce sport et même de la danse de rue ! Il est indéniable que cette discipline (car c'en est bien une et le film montre bien le travail que cela représente) présente des qualités propres à séduire le jeune public.


D'abord par sa nature car, comme dans tous les sports, il faut transpirer et travailler très durement pour parfaire son activité. Il faut savoir travailler en équipe soudée, partager des valeurs, s'astreindre à des horaires stricts... bref, autant de choses qui font de la Street dance une activité vertueuse et complète.


Par sa spécificité ensuite, puisque la Street Dance est une discipline ouvertement conflictuelle qui, d'une certaine façon, renvoie aux tournois d'antan, conçus pour encadrer les conflits ultra-violents qui secouaient le Moyen-Âge. De la même façon, aujourd'hui, les bandes s'affrontent et tentent de régler leurs conflits en organisant des « battles, » dont il ne peut sortir qu'un vainqueur. Le film montre d'ailleurs très mal les règles de ces battles. L'ignorant pourra certes constater que les deux crews sont l'un en face de l'autre et dansent alternativement pendant que leurs adversaires les narguent (exactement comme dans les battles de rap), mais une fois que tous les danseurs s'arrêtent, tous convaincus de l'
issue du match, on ne comprend pas bien ce qui a fait la différence, tous les danseurs étant exceptionnels. De plus, il serait vain de penser qu'à l'instar du Moyen-Âge, le code est si bien respecté que la
battle clôt définitivement le conflit (quand on a l'occasion de jouer du couteau dans le dos de son adversaire, on a par la même occasion la possibilité de se venger d'une défaite en battle), mais il est encourageant de constater que l'homme, animal social par nature, cherche quelque soit son terreau culturel à codifier la violence pour la circonscrire, à défaut de la conjurer. Paul Hellerman, le producteur, en est conscient : « après en avoir discuté avec Bille, il nous semblait évident que les conflits entre les personnages du film devaient être résolus par le biais de la danse. Il fallait donc que ces séquences soient les plus dynamiques possibles.» In dossier de presse. De plus il est certain que l'esprit d'équipe et la rivalité entre crews ne peuvent que séduire un adolescent en recherche de repères. Il y trouve une vraie famille qui le comprend et partage la même passion, vibre aux trahisons des uns et des autres. Aussi la jeune Tina décide-t-elle de trahir son crew pour un meilleur et ne peut le réintégrer, une fois son erreur constatée, qu'en regagnant la confiance des autres, indispensable pour une chorégraphie réussie.


Indépendamment de la discipline qu'il met en scène, le film sait chatouiller là où les jeunes gloussent. Les filles minaudent, les garçons crânent en se tapant dans les mains, et tout ce petit monde habite dans les pizzerias et les boîtes de nuit (exceptée Maria qui a un couvre-feu dû à sa libération conditionnelle). Il ne manque plus que les grosses voitures pour achever d'enflammer la vénalité des imaginations.


Maria, quant à elle, est une des plus magnifiques têtes à claques de l'histoire du cinéma. Des moues dédaigneuses, un manque de confiance en soi
qui se traduit par de l'agressivité, un souci indécrottable de faire des joutes oratoires du niveau de la maternelle supérieure : elle est incontestablement en tête par rapport à ses copains (pourtant déjà sacrément atteints). Vous avez forcément reconnu votre fille, votre soeur ou votre cousine ! La vulgarité des langages est affligeante (réservant le film à un public averti) et les attitudes absolument puériles ! Maria dirige donc cette joyeuse troupe et doit affronter, lors d'une compétition de danse, le vilain pas beau qui l'a fait mettre en prison. C'est alors l'occasion pour le film d'aborder, plutôt en profondeur, le thème de l'insertion.


Ce sujet est plutôt bien traité. «Au début du film, développe Bille Woodruff, Maria a eu des problèmes avec la justice qui l’ont menée dans un centre de détention pour mineurs. Elle a dû se débrouiller seule et s’endurcir. Quand elle est libérée, elle est à nouveau confrontée au monde extérieur et doit y trouver sa place. »

Mise en liberté conditionnelle sous la surveillance de la mère de son ancienne professeur de danse, Maria ne doit pas fauter sous peine de réintégrer le frigo. Or de nombreux obstacles se dressent sur son chemin. D'abord elle doit respecter des horaires assez stricts (dont le couvre-
feu), ce dont elle n'a manifestement pas l'habitude. Ensuite elle doit gagner sa croûte et, de ce fait, la confiance de son employeur. Enfin elle doit repousser les avances de son brigand d'ancien petit-ami, et réussir à assouvir sa passion de la danse. Disons-le tout net, le programme est chargé ! Pourtant c'est assez réaliste, même si Maria montre une volonté ferme assez peu commune chez une ancienne détenue.
«Le thème initial était l’affirmation de soi, explique le réalisateur, et il était important pour moi de le retrouver dans Dance battle - Honey 2, autant que de développer de nouveaux personnages et une nouvelle histoire. » Au fil de la pellicule, elle va donc gagner en confiance, mûrir, surmonter un certain nombre de ces obstacles et, surtout, rencontrer le grand, beau, fort intelligent et riche Brandon, qui partage avec elle la
direction du
crew. Le petit coeur des adolescentes pourra dès lors se serrer à la vue de cette romance assez niaise mais, somme toute, assez innocente.


Mise à part la sensualité des danses (si si ! Je persiste et je vais bientôt signer !), le film aurait donc pu être vraiment intéressant s'il n'avait été trahi par sa réalisation. Celle-ci est en effet très approximative. Pour éviter de tirer sur les ambulances, on relèvera simplement ce raccord complètement raté qui coupe la phrase de Maria au moment où elle dit à
son employeur « mais y'avait qu'elle ! », et parfois, les très mauvaises prestations d'acteurs (souvent trop maniérés, par souci de paraître jeunes), soulignées par un script insuffisant (langage maladroitement fleuri, là aussi pour coller à l'adolescence).