Ils sont partout se mange un mur violent : celui de l’unanimité pour dire qu’il est vraiment mauvais ! En vérité, c’est l’un des pires films de ce début d’année. On est à des années-lumière de la référence culte du genre : Rabbi Jacob (Gérard Oury, 1973).
Le réalisateur Yvan Attal se plante tant sur le fond que sur la forme. Sur la forme tout d’abord, il choisit un arsenal de sketches entrecoupés d’une séance psy avec lui-même, qui n’a aucun rapport avec les sketches. Avec une longueur presque indigeste, il étire son manque de crédibilité sur près de deux heures, affichant avec des cartons les préjugés antisémites qu’il juge les plus courants en métropole. Pour montrer que les Juifs ne sont pas tous riches, il va filmer un pauvre Juif dans une tour sordide du 9-3. Et ça, c’est pas cliché par hasard ? Pour montrer que les Juifs ne s’entraident pas systématiquement, il tourne un dialogue rasoir de dix minutes autour de deux Juifs pas d’accord sur une blague à deux francs ! Pour montrer que les Juifs ressentent le même malaise que les victimes du racisme, il nous raconte qu’il a accepté le rôle d’un musulman pour un prochain film : c’est pas de l’hyper-bienpensance ultra cliché de plateau télé, ça ? Pauvre Yvan Attal… La seule soupape à ce ramassis de clichés dénonçant des clichés, c’est à la rigueur les quelques rares autocritiques qu’il concède : certes, avoue-t-il, la crainte de l’antisémitisme tourne parfois à la paranoïa ! Malheureusement, la seule critique tolérée par Attal est sa propre autocritique.
Un film politique engagé sujet à amalgames
Sur le fond proprement dit, gros plantage également. Pourquoi ? Parce que Attal se place sur le terrain de la politique engagée, ce qui n’est pas vraiment le rôle du cinéma. Il raconte en effet partout dans la presse qu’il craint l’antisémitisme pro-palestiniens : « Il m’est arrivé à des dîners d’avoir des conversations un peu animées, parce que je sentais que j’étais désigné comme juif. Surtout depuis l’importation du conflit israélo-palestinien », a-t-il notamment affirmé. Mais il feint de ne pas le distinguer avec un vieil antisémitisme de droite façon Brasillach, quasiment disparu aujourd’hui. C'est pourquoi dans son film il ne se prononce pas sur ce conflit israélo-palestinien « importé en France », qui semble pourtant être le cœur de son sujet. Peut-être, et c'est légitime, Attal a-t-il peur de se prendre des roquettes palestiniennes en pleine figure. Il tourne donc sa caméra vers les « fachos » et les cathos, sur le dos desquels il peut en revanche se délecter : caricaturer le Christ draguant Marie ne lui vaudra pas trop d’ennuis. C’est un sketch bon enfant. Au fond, ce n’est pas choquant puisqu’il ne s’agit pas vraiment du Christ, mais de Gilles Lellouche se faisant passer pour lui ! Yvan Attal joue de cette ambiguïté, que notre société qualifierait d'amalgame. Malheureusement, son parti pris arbitraire pour telle ou telle cause diminue la qualité artistique de son oeuvre, ses discussions trop longues avec lui-même altèrent le sens qu'il a voulu donner à ses images. En s'attachant les services d’Emilie Frèche, co-scénariste, connue pour son engagement dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Attal n'a pas réussi le film social qu'il escomptait. C'est un film politique, qui ne nous apprend malheureusement rien de valorisant sur les traditions judaïques au clap de fin, et se contente de dérision.
Ils sont partout se mange un mur violent : celui de l’unanimité pour dire qu’il est vraiment mauvais ! En vérité, c’est l’un des pires films de ce début d’année. On est à des années-lumière de la référence culte du genre : Rabbi Jacob (Gérard Oury, 1973).
Le réalisateur Yvan Attal se plante tant sur le fond que sur la forme. Sur la forme tout d’abord, il choisit un arsenal de sketches entrecoupés d’une séance psy avec lui-même, qui n’a aucun rapport avec les sketches. Avec une longueur presque indigeste, il étire son manque de crédibilité sur près de deux heures, affichant avec des cartons les préjugés antisémites qu’il juge les plus courants en métropole. Pour montrer que les Juifs ne sont pas tous riches, il va filmer un pauvre Juif dans une tour sordide du 9-3. Et ça, c’est pas cliché par hasard ? Pour montrer que les Juifs ne s’entraident pas systématiquement, il tourne un dialogue rasoir de dix minutes autour de deux Juifs pas d’accord sur une blague à deux francs ! Pour montrer que les Juifs ressentent le même malaise que les victimes du racisme, il nous raconte qu’il a accepté le rôle d’un musulman pour un prochain film : c’est pas de l’hyper-bienpensance ultra cliché de plateau télé, ça ? Pauvre Yvan Attal… La seule soupape à ce ramassis de clichés dénonçant des clichés, c’est à la rigueur les quelques rares autocritiques qu’il concède : certes, avoue-t-il, la crainte de l’antisémitisme tourne parfois à la paranoïa ! Malheureusement, la seule critique tolérée par Attal est sa propre autocritique.
Un film politique engagé sujet à amalgames
Sur le fond proprement dit, gros plantage également. Pourquoi ? Parce que Attal se place sur le terrain de la politique engagée, ce qui n’est pas vraiment le rôle du cinéma. Il raconte en effet partout dans la presse qu’il craint l’antisémitisme pro-palestiniens : « Il m’est arrivé à des dîners d’avoir des conversations un peu animées, parce que je sentais que j’étais désigné comme juif. Surtout depuis l’importation du conflit israélo-palestinien », a-t-il notamment affirmé. Mais il feint de ne pas le distinguer avec un vieil antisémitisme de droite façon Brasillach, quasiment disparu aujourd’hui. C'est pourquoi dans son film il ne se prononce pas sur ce conflit israélo-palestinien « importé en France », qui semble pourtant être le cœur de son sujet. Peut-être, et c'est légitime, Attal a-t-il peur de se prendre des roquettes palestiniennes en pleine figure. Il tourne donc sa caméra vers les « fachos » et les cathos, sur le dos desquels il peut en revanche se délecter : caricaturer le Christ draguant Marie ne lui vaudra pas trop d’ennuis. C’est un sketch bon enfant. Au fond, ce n’est pas choquant puisqu’il ne s’agit pas vraiment du Christ, mais de Gilles Lellouche se faisant passer pour lui ! Yvan Attal joue de cette ambiguïté, que notre société qualifierait d'amalgame. Malheureusement, son parti pris arbitraire pour telle ou telle cause diminue la qualité artistique de son oeuvre, ses discussions trop longues avec lui-même altèrent le sens qu'il a voulu donner à ses images. En s'attachant les services d’Emilie Frèche, co-scénariste, connue pour son engagement dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Attal n'a pas réussi le film social qu'il escomptait. C'est un film politique, qui ne nous apprend malheureusement rien de valorisant sur les traditions judaïques au clap de fin, et se contente de dérision.