Imitation Game

Film : Imitation Game (2014)

Réalisateur : Morten Tyldum

Acteurs : Benedict Cumberbatch (Alan Turing), Keira Knightley (Joan Clarke), Matthew Goode (Hugh Alexander), Mark Strong (Stewart Menzies)

Durée : 01:54:00


Ah ces héros inconnus qui font les choux gras du cinéma ! Ceux qu'on ne connaît pas et qui, d'après les recommandations de la pellicule, ont changé notre monde ! Alan Turing, créateur de la machine de Turing, ancêtre de l'ordinateur, est de ceux-là. Non content d'être (paraît-il) un mathématicien de génie, ce brave monsieur n'a fait ni plus ni moins que de créer LA machine qui cassa le code d’Enigma, un appareil permettant aux nazis de communiquer entre eux par message crypté. A l'instar de Russell Crowe dans Un homme d'exception, Benedict Cumberbatch incarne donc un génie sûr de lui et asocial, détesté par tous, confronté à des gens aussi intelligents que lui mais beaucoup plus populaires. Keira Knightley, quant à elle, saura débloquer la situation par sa compréhension, sa franchise et sa logique. La mission de ce groupe d'hommes est passionnante et, pour tout dire, assez bien rendue dans le film, même pour un blaireau totalement ignorant des mécaniques scientifiques comme moi. Ajoutez-y quelques conflits de pouvoir, des histoires d'espionnage et de contre-espionnage, et le tout débouchera sur un film efficace, bien construit (dans un mode très classique de narration linéaire ponctuée de flashbacks) et mobilisant. Une seule bizarrerie scénaristique : le fait d'insister autant dans les dernières minutes du film sur le fameux épisode de sa vie où il fut obligé de subir une castration chimique pour « guérir » son homosexualité. Dans la mesure où le film n'est pas une biographie (il s'agit seulement de rendre compte de la mission de décryptage, et même les scènes d'enfance vont dans ce sens), il n'y avait aucune raison d'insister aussi lourdement dessus. Le choix de Turing de laisser mourir des civils pour ne pas révéler aux Allemands qu'ils ont réussi à casser le code, pour difficile qu'il soit, est parfaitement immoral. Cette décision appartenait à Churchill, seule autorité légitime à assumer cette responsabilité.