Inception

Film : Inception (2010)

Réalisateur : Christopher Nolan

Acteurs : Leonardo DiCaprio (Dom Cobb), Marion Cotillard (Mall), Ellen Page (Ariane), Cillian Murphy (Fischer) .

Durée : 02:28:00


En combinant de très bons effets spéciaux (parfois retournant aux sources du genre en utilisant des effets d'optique) avec tous les ingrédients d'un excellent thriller, Inception se hisse incontestablement au rang des films d'action les plus intéressants de l'année 2010. Le jeu d'acteurs est brillant, au coeur duquel le personnage de Marion Cotillard passe du charme à l'angoisse avec une crédibilité déconcertante. Le scénariste aurait pu cependant très utilement perfectionner le plan hasardeux monté par le personnage de Léonardo Di Caprio (beaucoup trop de paramètres incontrôlables, mauvaise information du reste de l'équipe, etc.). Le concept de l' « inception & raquo; s'appuie sur celui du rêve. Le principe est simple : le rêve est construit (c'est « l'architecture »), puis il est peuplé (de personnages), et enfin animé (d'événements divers). L'idée se complexifie avec la notion de « rêve partagé » : il est possible, au moyen d'une technique que le film n'explique que très évasivement, science-fiction oblige, de faire un rêve à plusieurs. De ce fait, l'architecte du rêve n'est pas nécessairement le même que celui qui le peuple, ni que celui qui s'y trouve impliqué, et l'architecture se distingue du reste en ce qu'elle peut être consciente, ce qui n'est pas le cas des personnages, issu du très controversé subconscient. Il devient dès lors possible de manipuler une personne en la plongeant dans un rêve qui n'est pas construit par elle, au milieu de personnages qui ne dépendent pas d'elle. Ajoutez à cela la possibilité de rêver qu'on rêve (et donc de construire des rêves à plusieurs niveaux) et vous obtenez : l'« inception. » Or cette opération très délicate a des implications éthiques très importantes : plonger une personne non consentante dans un rêve pour le manipuler est évidemment une violation grave de son intimité et de sa liberté, problème souverainement ignoré par le film. De plus, la mort dans le rêve engendrant le réveil, le suicide devient un moyen légitime de se réveiller, dont on parle alors comme d'un acte banal. Enfin peut-on vivre la tête dans les rêves et les pieds sur terre ? Le film est honnête : rien n'est moins sûr... Au milieu d'effets spéciaux remarquables se glisse donc un scénario très riche fondé sur la puissance de la subjectivité, du subjectivisme et, même, de l' « intersubjectivisme ». Déjà passionnant philosophiquement, le résultat est, quoiqu'il en soit, fort divertissant.