Iris

Film : Iris (2016)

Réalisateur : Jalil Lespert

Acteurs : Romain Duris (Max Lopez), Charlotte Le Bon (Claudia), Jalil Lespert (Antoine Doriot), Camille Cottin (Nathalie Vasseur)

Durée : 01:39:00


Iris

de Jalil Lespert

16/11/2016

Que doit-il rester de beau autour de nous ? Sommes-nous contraints de voir les merveilles de nos vies salies dans la machine infernale de ceux qui ne croient en rien ?

Reprenons depuis le début, les bases. Tout est bien fait comme à l’école ! La caméra cherche l’esthétique et l’équilibre pour des plans bien composés. Le jeu sur l’asymétrie oppose les deux archétypes du banquier riche et du garagiste endetté. L’actrice sensuelle vient ajouter une tension sexuelle à la tension dramatique nouée au long du film. Le réalisateur Jalil Lespert connaît ses classiques (l’héritage de Basic instinct de Verhoeven est indéniable) et ose quelques comparaisons malheureuses : la visite sans dialogue d’une maison de passe de haut standing qui se voudrait un hommage à Eyes Wide Shut… un petit peu prétentieux de la part du réalisateur.

Le scénario, bien que narrativement impeccable, laisse furieusement à désirer. Les retournements de situation à tiroir, les « c’était prévu depuis le début » auxquels on ne peut absolument pas croire… L’art du twist artificiel, rentré au chausse-pied dans un récit étroit, où tout doit se passer comme le veut le scénariste. L’histoire est pauvrette… mais comme précisé plus haut, elle est claire et bien racontée. 

Mais tout cela pour quoi ? Un bon thriller « comme on les aime » … du fric, du sexe, de la violence… mais un méli-mélo qui n’aboutit sur rien. Le masochisme du banquier, qui refoule sa puissance capitaliste dans une soumission sexuelle, est une nouvelle déclinaison de la haine de soi. Mais les conditions de l’enlèvement font qu’il n’y a pas de réel mobile, c’est la soumission des personnages à leurs désirs et leur vice qui provoque les évènements. Ce point d’intérêt n’est malheureusement pas traité : il est un heureux accident dans la démarche de Lespert. Aucun des personnages n’évolue dans son rapport aux passions : tous ne sont que des animaux mus par la colère, l’envie, l’appétit… Et l’on assiste à 2h de souillage continue de l’amour, du mariage, de l’éducation des enfants, du dévouement du chef. Il mérite d’être précisé que rien n’est beau chez aucun des personnages du film. Rien. Comment faire alors valoir la laideur comme enjeu narratif ?

Jalil Lespert sait filmer, il sait diriger ses acteurs, utiliser la lumière, jouer sur les clichés du genre… mais que met-il dans son film ? A-t-il seulement conscience du propos qui en ressort ? En interview, celui-ci ressort les réponses pédantes et sur-entendues sur le talent des acteurs ou les films géniaux qui ont pu l’inspirer, mais en définitive, Iris est un film qui ne sait pas très bien qui il est…