Katyn

Film : Katyn (2007)

Réalisateur : Andrzej Wajda

Acteurs : Andrzej Chyra (Jerzy), Maja Ostaszewska (Anna), Artur Zmijewski (Andrzej), Danuta Stenka (Roza)

Durée : 02:00:00


C’est entre le 3 avril et le 13 mai 1940 qu’eurent lieu les tristement célèbres massacres de Katyn au cours desquels furent assassinés en plusieurs séries près de 15 000 officiers de l’armée polonaises ainsi que plus de 7 000 fonctionnaires et officiers de police. En tout donc plus de 20 000 personnes, seulement coupables d’appartenir à l’élite polonaise et donc susceptibles de participer à la reconstruction de leur pays. Ce crime, l’un des nombreux de la Seconde Guerre mondiale, n’a jamais connu de réparation ni de procès et fut même nié par les autorités soviétiques qui en rejetèrent la faute sur les allemands jusqu’en 1991 après l’effondrement de l’URSS. En ce qui concerne le cinéma, c’est la première fois que le drame est illustré. Et personne mieux que le plus célèbre cinéaste polonais, Andrzej Wajda, auteur des célèbres L’homme de marbre et L’homme de fer, ne pouvait prétendre à cette œuvre de mémoire. Le cinéaste est lui-même cruellement concerné puisqu’il perdit son propre père officier de l’armée polonaise dans ce massacre. Il s’agit donc d’une œuvre très personnelle qui peut s’apparenter à un travail de catharsis. Le film suit donc le parcours des différents officiers polonais capturés et internés par les soviétiques, ou livrés à eux par les allemands lorsque les deux puissances d’invasion ont effectué leur liaison en Pologne (mettant ainsi en lumière la collaboration active entre l’Allemagne nazie et la Russie soviétique). Mais le film va aussi longuement s’attarder sur le vécu des proches de ces hommes, leurs épouses et leurs mères qui attendent désespérément des nouvelles de leur mari et fils. Le film s’attarde longuement sur ces quêtes silencieuses, discrètes (à cause des autorités communistes d’après-guerre) et désespérées. Il permet ainsi de donner un visage et une présence aux proches des victimes que l’on oublie souvent lorsque sont évoqués les événements. Il s‘agit bien d’une certaine forme de résistance face au pouvoir communiste, en perpétuant le souvenir des proches massacrés et en cherchant à rétablir la vérité sur leur fin. Une résistance simple, anecdotique, anonyme, sans fanfare ni gloire. Le massacre lui-même intervient durant les vingt dernières minutes du film et constitue sans doute le moment le plus éprouvant. Réalisée sans pathos, sans grandiloquence et sans musique, la scène des assassinats frappe durement du fait qu’elle est réalisée froidement, montrant les faits bruts tels quels, ceci afin de mieux restituer l’événement. L’ensemble du film se montre sobre, simple, dépouillé, il n’y aura pas de grands effets à l’hollywoodienne ni de sentimentalisme appuyé à la française. C’est ce qui fait sa force et sa beauté. Symbole des symboles, le film est sorti en France le 17 septembre 2007, date anniversaire de l’invasion de la Pologne par les troupes soviétiques. Il fut un énorme succès dans ce pays. En France, il ne fut que très peu distribué (seulement 13 salles à Paris), preuve que l’emprise idéologique post-marxiste a la vie dure et entend bien perdurer.