Kick-Ass

Film : Kick-Ass (2009)

Réalisateur : Matthew Vaughn

Acteurs : Aaron Johnson (Dave Lizewski / Kick-Ass), Nicolas Cage (Damon Macready/ Big Daddy), Chloe Moretz (Mindy Macready / Hit Girl), Mark Strong (Frank D'Amico) .

Durée : 01:57:00


Kick-Ass est atypique. Comme il l'est dans l'univers du comics, il l'est également dans l'univers du cinéma. Inspiré de la bande-dessinée de Mark Millar, l'idée est à marquer d'un pierre blanche. Qui n'a jamais rêvé de se retrouver dans la peau d'un super-héros pour bannir le crime de nos cités ? Hé bien tout ce qui vous a retenu de le faire vraiment n'est pas un problème pour ce jeune garçon qui va mener une guerre contre le crime, malgré les torgnoles en série. Le costume devient la plume qui fait voler Dumbo, la méthode coué d'un adolescent peu gâté par la vie. La bande-dessinée est assez bien respectée malgré quelques distances inhérentes à une adaptation cinématographique (la convalescence de Kick-Ass est bien moins longue dans le film, la violence est un peu moins intense, le jeune homme ne brûle pas ses bandes dessinées après son agression, etc.). Les clins d'oeil aux autres adaptations de comics à l'écran sont légion, comme en témoigne cette allusion du protagoniste à la fameuse phrase du film Spiderman : «  Quand on n'a pas de pouvoirs, on n' a pas de responsabilité. Sauf que ça, c'était pas vrai. » Un super-héros sans pouvoirs... Le spectateur touche l'extraordinaire du bout de l'ordinaire, et tout le long de la pellicule on oscille entre l'horreur et le jeu, car les moments comiques cèdent rapidement la place à une ultraviolence qui n'est pas sans rappeler celle des Orange Mécanique, Battle Royale, etc. Récemment L'immortel avait remis la superbe musique sur des images odieuses au goût du jour, et Kick-Ass le fait à son tour de façon très efficace. La violence est partout, sur le fond (les actes et les paroles) comme sur la forme (images stroboscopiques, montage syncopé, etc.). Après Robert Rodriguez, orfèvre du genre, Quentin Tarentino a sans aucun doute fait de nouveaux émules. La violence est particulièrement emphasée quand Hit-Girl, qui a 11 ans dans le film, mais 10 dans la bande dessinée, accomplit des choses absolument atroces, encouragé par un Nicolas Cage à contre-emploi, plus vengeur au bord de la folie que justicier. Comme dans la bande dessinée, la petite fille se comporte comme une femme, quoique même dans la bouche d'une adulte on pourrait attendre moins de brutalité, à défaut de moins de vulgarité. Ce nouveau dépassement de la ligne rouge dans le monde du cinéma n'a pas été sans mal puisque les grands studios hollywoodiens ont refusé de produire le film, mais il a quand même eu lieu et c'est fort dommage car non seulement la petite fille accomplit des violences, mais elle en subit également. Derrière une apparente comédie (« C'était comme si Rambo rencontrait un Polly Pocket », peut-on lire dans la bande dessinée), il est inadmissible d'assister au massacre d'une petite fille de 11 ans, dans l'hilarité générale. Le réalisateur du film est même allé jusqu'à convaincre la maman de la jeune actrice de lui faire prononcer un des mots les plus grossiers de la langue anglaise : « cunt ». Certes Quentin Tarentino a trouvé plus fou que lui, mais que Matthew Vaughn ne se réjouisse pas trop : il se trouvera bien quelqu'un après lui pour aller jusqu'aux violences sexuelles... Outre la question de la violence, le film interroge également la couardise humaine. Ayant renversé un jeune homme en voiture et sans témoin, aurions-nous continué à rouler pour échapper aux ennuis ? Spectateur d'une agression, aurions-nous réagi ? Finalement : faut-il être un super héros pour défendre son prochain ? Heureusement que non, mais le film passe un message ambigu, d'autant que la vanité et la vengeance animent les personnages beaucoup plus que la soif de justice. Par ailleurs, il faut bien reconnaître que Kick-Ass est un personnage suffisamment stupide pour aller risquer sa vie dans la rue, faire le travail des policiers alors qu'il n'en a pas les moyens, et ce qui pourrait passer pour du courage n'est en fait que de l'inconscience. Enfin il est absolument sidérant de constater dans les salles de cinéma que certains parents ont emmené sans vergogne leurs jeunes enfants visionner ce film. Quand la bêtise quitte l'écran pour gangréner nos salles, il y a de quoi s'en faire...