La barbe à Amalric...

Film : Barbara (2017)

Réalisateur : Mathieu Amalric

Acteurs : Jeanne Balibar (Barbara), Mathieu Amalric (Yves Zand), Vincent Peirani (Roland Romanelli), Aurore Clément (Esther), Grégoire Colin (Charley Marouani)

Durée : 1h 37m


Sur un air de nouvelle vague, l'acteur et réalisateur bobo Mathieu Amalric lance son dernier film moyen plus Barbara, biopic sur la célèbre chanteuse de L' Aigle Noir. En réalité, il s'agit du film d'un film, une histoire voyant Jeanne Balibar endosser le rôle de Barbara avec Amalric jouant lui-même le rôle d'un réalisateur fouilli et dispersé au milieu de ses idées. Si la mise en scène fait place à quelques éclairs avec des jeux de reflets style Agnès Varda (Cléo de 5 à 7, 1962) entre l'actrice et la vraie Barbara, on peine à suivre les élucubrations souvent fumeuses du cerveau de l'histoire. Egérie du statisme et fan du langage filmique décousu façon Godard, Amalric reste avant tout une icône de la réjouissance bon marché, se satisfaisant de quelques volutes de phrases hésitantes et contradictoires mais bien intentionnées. Que raconte l'histoire ? Bonne question, d'ailleurs je vous la pose à votre tour ! Et si on faisait l'inverse ? Si c'était vous qui me disiez ce que je crois penser du film que vous n'avez pas vu. Ce serait étonnant et cocasse ! Bref, je m'arrête là, c'est du Amalric. Hormis ce genre de pantalonnade litérraire très plaisante pour la coterie parisienne, il reste l'ambiance artiste assez vintage d'une époque où on improvisait aux trois quarts des films shootés sur le tas. C'est graphiquement stylé. Sinon le registre musical fait ressortir des vieilles chansons plus tellement au goût du jour, mais il le fait bien. Il manque tout de même un peu de la passion qui a suscité le succès de la précédente biographie du genre, Dalida (Lisa Azuelos, 2016). Le paradoxe du film est qu'il colle parfaitement à la vie d'errance et de désolation de la célèbre Barbara, ayant subi durant toute son enfance une relation incestueuse imposée par son père. Mais le public a quand même besoin de plus de clairvoyance pour comprendre les bribes d'une vie passée à tournoyer dans le noir. Même s'il était dans le tempérament de la chanteuse de ne rien dire de son passé.