La Chute de Londres

Film : La Chute de Londres (2016)

Réalisateur : Babak Najafi

Acteurs : Gerard Butler (Mike Banning), Aaron Eckhart (Benjamin Asher), Morgan Freeman (Président de la chambre des réprésentants Trumbull), Alon Aboutboul (Aamir Barkawi)

Durée : 01:39:00


Cet opus est la suite de La chute de la Maison Blanche (2013), où la nouvelle histoire des péripéties d’un président américain fictif, campé par Aaron Eckart, constamment visé par des attaques terroristes. Après avoir survécu à un commando nord-coréen infiltré dans la Maison Blanche, le président américain va cette fois avoir rude affaire avec de nouveaux terroristes maghrébins qui ont décidé de ne pas faire dans la dentelle : bousiller tous les chefs d’États occidentaux réunis à Londres, avec de multiples attentats.

Le film du réalisateur iranien Babak Najafi, dont le nom n’apparaît même pas à l’affiche, est un de ces nanars hollywoodiens tout droit sortis de grands studios (ici Comcast et Millenium Films) comme dans des boîtes de conserve, sur commande de producteurs aux dents longues. Il est destiné à nourrir de façon très éphémère un public parqué devant sa télé, prêt à gober pop-corn et entertainment de masse, les soirs monotones où rien ne se passe. Visuellement, le pop-spectateur en a plein la vue : jamais un film n’avait en effet aligné autant d’attaques terroristes simultanées ! Tout explose, selon le souhait des fous d’Allah, sauf bien sûr la force incarnée du patriotisme américain, inoxydable par définition. Il y a peu à dire sur le déroulé de l’histoire totalement cousu de fil blanc, le manque de crédibilité évident de la plupart des protagonistes agissant comme s’ils avaient plusieurs vies. En fait le film semble vouloir assumer son statut de série B en adoptant parfois volontairement les codes du jeu vidéo ou bien en usant et abusant de répliques décalées. Il ne cherche pas du tout à convaincre et roule à fond la caisse sur la route du divertissement.

Sauf que sa façon de faire pose problème d’un point de vue humain. Personnellement, j’ai trouvé que la banalisation des attaques terroristes sur une ville européenne, montrée ici comme une sorte de défoulement haineux et jouissif, avait quelque chose de sérieusement déplacé de la part d’une production américaine suite aux récents attentats simultanés, en France notamment. En outre, la caractérisation des terroristes, mus uniquement par la vengeance et le sadisme, réinstalle le discours de G.W. Bush sur la « Guerre totale contre la terreur », et donc la légitimation des politiques d’éradication de l’ennemi. Si bien que le manichéisme si controversé de l’ex-président américain est ici remis à l’honneur. L’ennemi incarne le mal absolu : on peut lui infliger tous les sévices possibles, dans le but de le réduire à néant, quitte à lui arracher le bras, la tête ou à se défouler sur lui à coups de couteaux. Derrière les élans de libertés des héros américains ici représentés, on croit ainsi déceler une inquiétante fascination des vainqueurs… pour la destruction, mais aussi une morale publique à géométrie variable. Selon que vous êtes américain ou pas, cela ne vaut pas nécessairement le coup de vous sauver. En fin de compte, ce divertissement propose une violence trash, fun et cynique par sa banalité. Le nouveau soda du business hollywoodien ?