La fille du train

Film : La fille du train (2016)

Réalisateur : Tate Taylor

Acteurs : Emily Blunt (Rachel Watson), Rebecca Ferguson (Anna), Haley Bennett (Megan), Justin Theroux (Tom)

Durée : 01:45:00


Disons-le tout de suite, La fille du train est un film violent, vulgaire et pervers en bien des endroits. Mais il se passe dans le regard embué d’une femme alcoolique qui a cru apercevoir depuis la fenêtre de son train un alibi à son délire. En effet ce drame psychologique focalise notre attention sur son regard subjectif, témoin d’un drame en apparence. Habituée à prendre quotidiennement la même ligne de train et à observer une maison en particulier, Rachel découvre qu’une femme trompe son mari en secret. Une scène qu’elle ne parvient pas à dissocier de son histoire personnelle…

Le scénario est typique d’un drame à la Hitchcock dans le style Pas de printemps pour Marnie (1964) avec en rôle capital une femme dont on ne parvient pas à cerner le malaise et qui laisse imaginer les suggestions les plus folles autour de son passé. Il y a même ça et là un vent de suspicion confus à l’image du célèbre Douze hommes en colère de Sidney Lumet (1957) dans lequel le témoignage farfelu d’un homme menace d’envoyer un innocent à la chaise électrique.

Des rails de shots… pour ne pas atteindre le génie

Le potentiel de cette histoire paraissait donc assez énorme, et l’exploitation du best-seller de Paula Hawkins relativement aisée. La réalisation laisse cependant une impression mitigée. Tate Taylor n’a pas réussi à conserver une cohérence d’ensemble à son montage tortillé dans tous les sens pour perdre l’attention du spectateur. Il y parvient finalement, mais en 2h pleines et saccadées d’émotions violentes durant lesquelles le personnage joué par Emily Blunt se détache très difficilement de l’état d’ébriété et finit par lasser.

Bien sûr l’ombre de David Fincher planait dès le départ de l’intrigue avec cette histoire de couples tragiques racontée comme un thriller qui fait immédiatement penser au déstabilisant Gone Girl (2014). Mais autant Fincher dissociait clairement la folie de la suspicion en distribuant ses indices au compte-goutte, autant Taylor se perd dans les plis de son récit pulsionnel et arrive difficilement à donner un sens à son enquête, obsédé par l’idée de semer le spectateur sur des fausses pistes. Ainsi le raté est important, les dialogues parfois répétitifs et peu inspirants. Mais l’audace est là et les bonnes idées dispersées partout. Restait à trouver un bon chef d’orchestre pour les canaliser.