La Fille Inconnue

Film : La Fille Inconnue (2016)

Réalisateur : Luc Dardenne, Jean-Pierre Dardenne

Acteurs : Adèle Haenel (Jenny), Olivier Bonnaud (Julien), Jérémie Renier (Le père de Bryan), Louka Minnella (Bryan)

Durée : 01:46:00


Les Frères Dardenne récidivent avec un énième film fait sur le tas qui raconte l’histoire d’une jeune femme médecin reprenant le cabinet d’un prédécesseur. Un soir, une femme vient frapper désespérément à sa porte à une heure indue, mais Jenny ne réalise pas sa détresse. Elle découvrira par la suite son visage sur la caméra de vidéosurveillance, en compagnie de la police. La femme éplorée a été retrouvée morte un peu plus loin, et personne dans le voisinage pour la reconnaître.

Cet événement marquant pousse Jenny à retrouver la trace de cette femme disparue sans laisser de signes. On la voit alors se substituer aux enquêteurs de la police, non seulement grâce à sa proximité étonnante avec un certain nombre de déséquilibrés suspects, mais aussi par le fait de son intuition de femme qui lui laisse percevoir la vérité au-delà des crispations des uns et des autres quant aux conséquences immédiates du drame. On assiste ainsi à une concurrence plutôt inhabituelle et bienvenue entre le secret judiciaire et le secret médical.

La vérité sous les voiles de la pulsation

Le film accorde par ailleurs une place centrale au thème de la culpabilité, à ses dimensions symptomatiques et psychosomatiques, montrant de facto qu’il ne procède pas tant d’une invention chrétienne que d’une réalité bien concrète. Les menteurs les plus habiles ne résistent pas au sympathique détecteur de mensonges de Jenny ! Le corps ne ment pas. Il trahit par de nombreuses manifestations l’indigestion d’une fausse vérité. Les frères Dardenne le montrent assez efficacement, et ils vont plus loin : la culpabilité ne touche pas que les coupables. Elle frappe le médecin honnête qui craint de ne pas porter suffisamment assistance aux personnes nécessiteuses. Elle dérange le patient réveillant son médecin traitant au milieu de la nuit. Elle gêne l’étudiant en médecine rêvant de soigner des malades en lui projetant le spectre de l’impuissance.

Une mise en scène un peu simpliste accompagne cette aventure dramatique non nulle qui aurait cependant méritée une enveloppe un peu moins « Nouvelle vague », avec pourquoi pas un brin de musique par-ci par-là, des dialogues réciproques, des murs pas tout blancs. La fille inconnue fait inévitablement penser aux rencontres sans véritable début ni fin qui émaillent la vie quotidienne. Malheureusement le film prend la chose un peu trop à la lettre et refuse de donner la moindre fin à cette histoire trop longuement racontée, et pourtant hachée aux deux tiers.