La Grande Vadrouille

Film : La Grande Vadrouille (1966)

Réalisateur : Gérard Oury

Acteurs : Bourvil (Augustin Bouvet), Louis de Funès (Stanislas LeFort), Claudio Brook (Peter Cunningham), Mike Marshall (Alan Mac Intosh)

Durée : 02:12:00


Sorti en 1966, La grande vadrouille du réalisateur Gérard Oury a immédiatement conquis le public français jusqu'à maintenir la première place au palmarès pendant plus de 30 ans.

Il fait partie de ces "biens patrimoniaux" qui ont un secret de jeunesse immortelle...

Il s'en dégage une fraîcheur qui fait du bien.

Gérard Oury réussit à merveille dans le genre de la comédie sur fond sérieux. Il nous fait rire avec brio tout en mettant en avant la résistance française sous l'occupation, ce qui est loin d'être aisé. Il parviendra même à réaliser à travers ses deux personnages principaux, des héros de guerre. Il utilise avec finesse ce contexte pour créer une série de gags, plus mémorables et irrésistibles les uns que les autres. De véritables trouvailles ! La scène du bain turc ou bien la course poursuite avec les citrouilles en sont de fameux exemples.

Cette imagination débordante donne un rythme au film, un dynamisme étonnant et nous entraîne de surprises en surprises. On ne s’ennuie pas une minute ! Quand on pense à l'arrivée du parachutiste anglais dans le zoo, ou bien à son camarade sur un échafaudage de l'entreprise Augustin Bouvet … on ne cesse de se régaler de toutes ces situations différentes et étonnantes.

La caricature des personnages principaux est parfaite à travers le duo Bourvil-de Funès : du sur-mesure ! Il faut voir de Funès assurer la répétition de l'orchestre ! La gestuelle, et les mimiques en tant que chef d'orchestre sont excellentes ! Bourvil vient compléter à merveille le jeu de Louis de Funès en tant que peintre en bâtiment… En utilisant le procédé de la mise en abîme, il prouve son talent de véritable comédien. La scène de ménage entre Bourvil et Juliette pour dissiper l'attention des allemands à la recherche de l'anglais, est un exemple.

Les plans soulignent généralement le comique de la situation. Au début, le plan en contre plongée du pot de peinture qui tombe sur la tête de l'officier allemand permet d'accélérer la chute du "missile" et de ridiculiser encore plus la situation, a contrario celui en plongée de la chute du parachutiste anglais sur le mur, renforcé par le bruitage du déchirement. Dans la scène de la répétition de l'orchestre, le plan d'ensemble où l'on voit de Funès diriger dans une salle vide est très emblématique : celui de quelqu'un qui se croit très puissant alors qu'il n’est pas grand chose, en réalité. Un peu plus loin, un plan où il apparaît tout petit à côté de l'allemand illustre également cette idée.

La musique est utilisée comme fil conducteur dans des situations très mordantes de quiproquos, comme celui du bain turc avec le très célèbre air : Tea for Two.

Le suspense est toujours présent. La scène avec l’anglais risquant de se faire écraser par l’ascenseur au début du film est un exemple. Il parvient à son paroxysme lors de la scène finale avec la course poursuite qui se termine dans les airs, en planeur.

Ce film est non seulement un chef-d'œuvre de l'art comique dont on ne peut se lasser, mais aussi un bel exemple de la résistance française pendant la guerre.

Chapeau bas, messieurs...