La Résistance de l'air

Film : La Résistance de l'air (2014)

Réalisateur : Fred Grivois

Acteurs : Reda Kateb (Vincent Cavelle), Ludivine Sagnier (Delphine Cavelle), Johan Heldenbergh (Renaud), Tchéky Karyo (Armand Cavelle)

Durée : 01:38:00


La misère morale se greffe souvent sur la misère financière. On a coutume de dire que la prostitution prospère davantage chez les populations pauvres, mais cette gangrène sociale et individuelle est loin d'être la seule. Ceux qui sont dans le besoin économique sont confrontés à de multiples tentations.

Imaginez par exemple que vous êtes dans une très, très mauvaise passe, que vous êtes champion de tir, et qu'un homme vienne vous proposer d'utiliser votre talent pour dégommer des personnes que vous ne connaissez ni d'Eve, ni d'Adam.

« Hors de question, » direz-vous. Mais les vagues du quotidien travaillent inlassablement la falaise de votre fermeté. Après tout, peut-être sont-ce des mafieux. Un seul tir, et mes ennuis sont finis. Un contrat, et ma femme cessera de me mépriser…

C'est donc toute l'histoire de ce film, bien construit quoique certaines longueurs eussent pu être supprimées, qui gagne en intérêt surtout dans sa deuxième partie, quand Vincent, le personnage très bien interprété par un Reda Kateb qu'on a déjà vu exceller dans Un prophète, est prisonnier de ses choix et cherche à s'en délivrer comme il peut.

Sa vie de couple, on l'aura compris, est quelque peu chaotique. Interprétée par Ludivine Sagnier, la compagne de Kim Chapiron, sa femme supporte de moins en moins la précarité, et particulièrement la proximité avec son beau-père, vieillard nécessiteux aux pulsions libidineuses. De plus, une maison est en chantier qui ne peut se finir parce qu'il ne peut plus payer les traites, et comme dans beaucoup de familles, elle compare sa vie avec celle de sa sœur, mariée à un dentiste aisé, ce qui n'arrange rien.

De son côté, Vincent devient voyou. Tenté par sa nouvelle vie, quoique assez timide et réservé de nature, il prend un plaisir à s'offrir les facilités coutumières de cette profession : motos, armes et femmes.

Dans de telles conditions, comment se sauver des séductions de la vie riche, et comment reconstruire son couple ?

Notons d'ailleurs une scène érotique dommageable d'autant que Vincent finit par commettre un adultère passager avec sa belle-sœur. Y avait-il un intérêt pour l'intrigue ? Non. Et quand bien même…

Un film qui montre avec un certain brio la descente aux enfers d'un homme ne supportant plus sa pauvre vie rangée, et qui rentre parfois un peu trop dans les moindres détails.