la rage au ventre

Film : la rage au ventre (2015)

Réalisateur : Antoine Fuqua

Acteurs : Jake Gyllenhaal (Billy Hope), Rachel McAdams (Maureen Hope), Forest Whitaker (Titus Willis), Naomie Harris (Angela Rivera)

Durée : 02:03:00


Les sports de combat, décidément, sont en vogue. Après Fighter, Warrior ou encore Foxcatcher, le thème semble retrouver ses lettres de noblesse. Après le « combat du siècle » Mayweather versus Pacquiao, il y a quelques mois, on se demandait si l’approche cinématographique irait chercher un autre chemin que celle du buzz (très « famille », dans Fighter, par exemple). Eh bien pas vraiment. Sous le crépitement des flashs et l’œil des caméras, c’est un univers bien connu qui se déroule sans surprise sous nos yeux.

Cet angle de vue sur la boxe est non seulement le plus médiatique, donc le plus facile à connaître pour le public, mais la construction de l’histoire, malheureusement, l’est aussi. Le thème de la poursuite de rédemption, dans ce monde du sport de combat, commence à devenir éculé…


Deux combats, dans ce film : le sport, et la famille. On aura vite fait de comprendre qu’il ne s’agit que d’un seul et même combat, celui du boxeur contre lui-même, ses défauts, son fric, sa violence, etc. Le nerf de la boxe est ici puissant, furieux, très travaillé : photo qui tend au noir et blanc, ralentis, son immersif et rap d’Eminem, la tension monte réellement, même si l’on est bien peu surpris par les rebondissements. On en a quand même pour son argent, même si ça ressemble parfois plus à une mise en scène de clip de rap que de film (trop de travail image-son = style, mais = perte de réalisme).

Le côté famille, le plus présent du film, souffre de maladresses. Les relations entre les personnages sont parfois ponctuées d’actes peu crédibles (la fille de dix ans révoltée comme une ado de seize, notamment), ou carrément clichés (« mon papa c’est le plus fort » ; « chéri, arrête la boxe, ça fait des bobos », en gros). James Horner accompagne le tout de violon et de piano. Franchement, le défunt grand compositeur ne s’est pas foulé, ses partitions pourraient aller à n’importe quel autre drame (sauf une ou deux, mais lors des combats seulement).
Le fond, une quête de rédemption donc, opérée par une prise de conscience des devoirs que l’on a chaque jour, ne peut que faire l’unanimité. Une mauvaise langue comme moi dirait que le scénariste nous force lourdement à nous mettre du côté du héros. En revanche, la question de la maîtrise de son destin y est plus intéressante. Le contraste est donné entre la faiblesse habituelle de l’homme et sa façon, parfois, de pouvoir déplacer les montagnes.

Disons-le tout de même, à regret, le film se montre banal, et prévisible. Notons toutefois qu’on ne s’ennuie jamais, et que la tension, portée par des scènes de combats réussies, arrive à grimper. Quant à Jake Gyllenhall, on regrette que la réalisation, et surtout le scénario, n’aient pas été à sa hauteur. Après Brothers, Prisoners et Nightcall, celui-ci commence à se faire une petite collection de prestations de très haut vol. Il prouve une seconde fois (comptons la première avec Nightcall, parce que, Prince of Persia, ou Source Code, vous êtes gentils, mais bon…) qu’il est largement capable d’assumer des premiers rôles complexes et variés. L’acteur a clairement changé de catégorie.

Mais compte tenu du fait qu’un homme ne suffit pas à faire un film, La rage au ventre (Southpaw) est bien plus proche, contrairement à ce que vous avez pu lire ailleurs, d’un De l’ombre à la lumière modernisé (et moins émouvant) que du grand Raging Bull.