La Vie des autres

Film : La Vie des autres (2006)

Réalisateur : Florian Henckel von Donnersmarck

Acteurs : Ulrich Mühe (Hauptmann Gerd Wiesler), Sebastian Koch (Georg Dreyman), Martina Gedeck (Christa-Maria Sieland), Ulrich Tukur (Anton Grubitz)

Durée : 02:17:00


Georg Dreyman, dramaturge, et Christa-Maria Sieland, actrice renommée, sont un couple soumis malgré lui à la dissuasion politique de l’Allemagne de l’Est. Alors qu’il est mis sur écoute par le ministre Bruno Hempf, désireux d’abuser de la belle artiste, Dreyman prend une initiative de rébellion subversive sans savoir que les oreilles de la Stasi captent la moindre parcelle de sa vie.

Ces oreilles, ce sont celles de HGW XX/7, un capitaine à la solide réputation d’instrument efficace du pouvoir, convaincu par l’idéal socialiste du régime de la RDA. Mais à force de connaître la vie d’un couple qui s’aime, qui crée, et qui refuse la domination totalitaire par simple bon sens, tout en subissant les outrages de plein fouet, HGW XX/7 finit par se demander qui réussit sa vie, entre lui et eux. « Il vaut mieux être la victime que le bourreau », nous rappelle Socrate. L’agent de la Stasi est confronté au dilemme qui fait de lui un être libre, et non un outil irréfléchi : doit-il briser sa carrière, ou briser leur vie ?

La Vie des Autres met en exergue le nivellement des réactions des hommes, face au totalitarisme imposé par l’intelligentsia est-allemande. Entre les collaborateurs convertis à l’idéologie et les résistants perdant espoir en leur pays, se trouvent les questionnements sur le camp à choisir, pour faire tomber en soi le Mur surveillé avec un zèle écœurant.

Dans une ambiance grisâtre laissant peu à peu la lumière traverser ce pays condamné, où les uns torturent la vie des autres au nom de préceptes auxquels ils croient à peine eux-mêmes, la morale tente de percer la terreur que chacun subit, chaque jour. Le décor très réaliste, où la psychose se mêle à la déprime de tout un peuple, entoure des personnages complexes, où l’on perçoit au plus près le combat intérieur de ces victimes de l’idéalisme socialiste. Le jeu authentique d’un casting peu connu est couronné par la prestation subtile et d’autant plus vraie du regretté Ulrich Mühe, en capitaine de la Stasi remettant les fondements de sa vie en question.

A la fois posé et intense, dans des instants de tension dramatique angoissants, ou parfois très émouvants, La Vie des Autres montre comment la beauté et la contrainte peuvent inviter à une réflexion morale : être un homme bon, ou rester un simple engrenage.