L'Assaut

Film : L'Assaut (2010)

Réalisateur : Julien Leclercq

Acteurs : Vincent Elbaz (Thierry), Gregori Derangère (Commandant Denis Favier), Mélanie Bernier (Carole), Aymen Saïdi (Yahia)... .

Durée : 01:30:00


Un film nerveux et efficace, à la gloire des hommes du GIGN, implacables guerriers de la civilisation debouts face à la barbarie.

De longs ralentis dès le début pour projeter le spectateur dans l'ambiance, de belles images à la force tranquille, parfois en noir et blanc, des gros plans à l'affût de la moindre expression de visage, Julien Leclercq sort le grand jeu. La pellicule désaturée, la musique souvent retenue jusqu'au silence absolu et la steady cam furetant dans tous les coins du décor insufflent au film une vigueur de réalisme accompli. Il fallait cela pour convaincre le GIGN de participer au film : « On leur a dit qu’on souhaitait coller à la réalité de l’événement, au millimètre près, et qu’on ne cherchait pas les effets spectaculaires. » (Julien Leclercq, in Dossier de presse).

Alors que les accents scénaristiques font, dans les films américains, souvent figure de poncifs, ceux du film sont revitalisés par le souci documentaire : comme dans le livre de Roland Martins, du même titre, c'est vraiment arrivé. Au milieu des images d'archives, les hommes ne sont pas des personnages, ils sont des témoins, et les larmes de l'épouse du jeune Thierry ont été réellement versées ce jour du lundi 26 décembre 1994.

Dans un contexte social où certains juges se rangent du côté des voyous pour accuser les policiers, il est bon de rappeler que les forces de l'ordre ont pour premier objectif d'assurer la sécurité du plus petit des citoyens jusqu'au sacrifice ultime, celui de la vie. Salués par leurs panégyristes comme de grands sportifs aux nerfs d'acier, les hommes du GIGN sont avant tout des & ecirc;tres humains. Ils sont comme ces Français moyens qui étirent leurs fins de mois, fondent une famille, partent au travail le matin et reviennent le soir... quand ils sont encore vivants... Toujours dans le dossier de presse, le réalisateur ne tarit pas d'éloges : « Pendant deux ans, à  raison de deux à trois fois par mois, j’ai eu la chance de les côtoyer : ce sont de vrais « chevaliers » des temps modernes qui ne se mettent jamais en avant et qui, comme me l’a dit le général Favier, travaillent avant tout au service de la vie. » »

Bien plus : ils donnent de la France, par leur courage et leur professionnalisme, une image flambante et glorieuse, tant leurs missions sont couronnées de succès.

Ils incarnent également le progrès : les entraînements, les armes, le fonctionnement... Tout est à la pointe de l'efficacité, taillé pour le succès des opérations. Rien n'est du bricolage, rien n'est laissé au hasard. Au sentiment d'insécurité véhiculé par les terroristes exaspérés succèdent le calme et la froide détermination des gendarmes. Cette froideur gagne l'échine du spectateur qui imagine les dégâts d'une telle unité aux mains d'un gouvernement injuste, mais ce qui le fascine avant tout c'est qu'à la différence de la politique, des interminables débats télévisés et de la mauvaise foi des idéologues, la force brute ne triche pas. Il y a un gagnant et un perdant. La sanction est immédiate.

En face d'eux d'autres guerriers : brouillons, agités, violents, ils se font appeler sans rire les « soldats de la miséricorde. » Miséricordieux comme la balle dans la tête d'un otage, comme les larmes des prisonniers de l'avion, comme les blessures infligés aux policiers, comme le voile imposé sans concession.

 

Le film n'a pas besoin d'être partial puisqu'il montre la r& eacute;alité, et dans la réalité, ce ne sont pas toujours les méchants qui gagnent...

 

Raphaël Jodeau