Le cercle des poètes... à la tronçonneuse !

Film : Kingsman : Le Cercle d'or (2017)

Réalisateur : Matthew Vaughn

Acteurs : Colin Firth (Harry Hart / Galahad), Julianne Moore (Poppy Adams), Taron Egerton (Gary 'Eggsy' Unwin / Galahad), Mark Strong (Merlin), Halle Berry (Ginger Ale), Elton John (Elton John),...

Durée : 2h 21m


Effets de manche capilotractés en costards british, scènes d'action virevoltantes, surf sur des portières de voiture sous des pluies de balles... sourires en toutes circonstances, Kingsman 2 n'a pas perdu un chouilla de son dynamisme dans cette nouvelle histoire racontant la rencontre avec les agents spéciaux américains de Statesman. La franchise s'installe même tout doucement dans le paysage des séries d'action. Car oui tout porte à croire qu'il y aura une suite ! Les désormais concurrents de James Bond, buveurs de whisky à défaut de martini, forment une équipe assez redoutable maîtrisant non seulement tous les gadgets technologiques de la réalité augmentée, mais aussi, bien plus que Bond, l'art et la manière de parler à plusieurs. Mais les agents de Kingsman, s'ils courent eux aussi pour sauver le monde d'une menace planétaire, tirent avant tout leur succès d'une mise en scène complètement disjonctée jouant sur des effets de contraste très prononcés. Ne se prêtant pas une seconde au jeu du réalisme, la franchise, tout en promouvant un certain classicisme relifté, préfère investir clairement dans le tout technologie et l'audace visuelle. Quitte à adopter parfois les codes d'un certain relativisme concernant la valeur de l'image : la raison d'état permet ici le franchissement de beaucoup de limites conventionnelles. On se rappelle cette scène démentielle de tueries guignolesques dans une église dans le premier épisode. On retrouve cette fois de nouvelles scènes trash où le découpage d'humains au laser voire le canibalisme sont abordés sous l'angle comique. Ce genre quelque peu tarantinesque n'est pas nouveau dans le cinéma, cependant il laisse l'impression un peu amère que le film est pressé d'aborder d'un coup tous les nouveaux thèmes propres aux évolutions sociales et technologiques à venir : l'envahissement de la robotique, la menace sur les libertés, la prédominance de l'intelligence artificielle sur l'intelligence humaine, la crainte de la faillite d'une grande démocratie, la crainte d'une catastrophe planétaire, etc... En réalité il ne fait que les survoler. Kingsman, très proche du style Guy Ritchie (U.N.CL.E. Agents très spéciaux, Snatch) demeure avant tout un film très visuel essayant de marier ultra-classicisme et post-modernité. Prenez les Anciens et les Modernes de toutes les époques et fracassez-les d'un seul coup : vous êtes à Kingsman !