Le Coeur régulier

Film : Le Coeur régulier (2015)

Réalisateur : Vanja D'Alcantara

Acteurs : Isabelle Carré (Alice), Jun Kunimura (Daïsuke), Niels Schneider (Nathan), Fabrizio Rongione (Léo)

Durée : 01:35:00


Il y a des fois où ça ne prend pas. Ce n’est peut-être que moi, peut-être… Mais l’aspiration de ce film, foncièrement français, à suivre les codes du cinéma japonais n’arrange rien. La première partie, situé en France, n’est qu’un ramassis de clichés vus et revus, traités de surcroit sans aucune finesse. Maman bobo est mal aimée par son mari, elle adore ses enfants qui sont insupportable et leur passe tout, elle est triste et regarde beaucoup par la fenêtre. Elle possède une grande maison sans âme qui ressemble plus à une publicité de cuisiniste qu’au nid d’une famille : paresse de la décoratrice ou fantasme d’une réalisatrice maniaque de la propreté ?

En entretien, Vanja d’Alcantara confie s’être d’abord intéressée au personnage réel ayant inspiré celui de Daïsuke. On la comprend sans peine : il s’agit bien du seul intérêt du métrage. L’acteur japonais qui incarne Daïsuke, Jun Kunimura, est impeccable. Il est le seul garant d’un cinéma japonais sobre et pur, infiniment implicite, qui laisse tout deviner sans être vague : un travail d’une grande précision. Face à tant de finesse, la lourdeur bourgeoise d’Isabelle Carré fait franchement tache : elle est agaçante et peine à honorer l’authenticité de son affliction. Le cri solitaire qu’elle pousse en pleine nature, élément purement japonais dont l’intensité repose sur la pudeur tacite dont il se démarque, n’aura d’ailleurs pas manqué de provoquer quelques rires étouffés dans la salle.

Perdue dans un deuil qu’elle n’est pas armée pour affronter, ne s’étant apparemment jamais posé la question du but de sa vie, n’ayant d’ailleurs aucun goût pour la chose, Alice aura su trouver le réconfort dans les réponses du sage nippon… Tant mieux pour elle.