Le Dernier loup

Film : Le Dernier loup (2015)

Réalisateur : Jean-Jacques Annaud

Acteurs : Feng Shaofeng (Chen Zhen), Shawn Dou (Yang Ke), Ankhnyam Ragchaa (Gasma), Yin Zhusheng (Bao Shunghi)

Durée : 01:55:00


Sept ans au Tibet, Stalingrad, Deux Frères. Jacques Annaud nous a habitués à de bons films, bien faits. Avec Le Dernier Loup, il nous propose une pure merveille esthétique et relève avec brio un défi de taille, celui de filmer des loups, de meutes différentes et en contact rapproché et cela, dans des conditions parfois très difficiles. Mais comme le dit le réalisateur, le cinéma, ça doit être dingue.

La caméra 3D nous offre des paysages époustouflants, mais surtout des plans rapprochés de loups et de louveteaux, de leurs regards tantôt fous tantôt doux et tantôt craintifs, de leur hurlement dans la nuit, de leur fourrure toute belle éparpillée par le vent! La meute de loups poursuivant le troupeau de chevaux dans la steppe est un des moments fort de ce film! Ce devait être assez dingue, en effet! Le célèbre dresseur canadien Andrew Simpson qui a travaillé auprès de ces loups affirme qu’ Hollywood n’a pas encore fait un truc aussi fou avec des loups.

Toute cette technique, ces plans, ces paysages racontent à leur manière l’histoire de Chen Zhen, le héros du roman Totem du Loup de Jiang Rong qui a fait sensation en Chine lors de sa parution. Le film reprend donc la même toile de fond, la révolution culturelle de Mao. Comme de nombreux jeunes citadins intellectuels, Chen est envoyé à la campagne pour civiliser les paysans mongols, en faire de bons révolutionnaires et d’un autre côté, pour devenir plus aguerris au contact du dur travail de la campagne. Mais Chen se rend compte que c’est lui qui apprend auprès de ce peuple sage et expérimenté et au contact de la nature. Et ses quelques notions de liberté sont mises à rude épreuve. Les décisions absurdes qui viennent du haut commandement révolte le jeune Chen qui, plongé dans la steppe, apprend la vraie vie et décide d’étudier le loup. Cette histoire est un hymne à la nature dont l’homme parfois renverse l’équilibre. La chaîne alimentaire contribue à cet équilibre. Mais quand l’économie s’en mêle, certains problèmes surgissent. C’est aussi un hymne au peuple mongol, courageux et fier et si rudement éprouvés, à leurs coutumes, à leur croyance. Enfin et surtout, c’est un hymne aux loups qui fascinent et semblent servir de modèle aux peuples des steppes par leur patience et leur stratégie. D’ailleurs, le grand chef Gengis Khan a étudié leur comportement avant de partir à la conquête de l’Asie.

En bref, ce film techniquement magnifique ressemble davantage à un documentaire qu’à un film d’aventure. Il est bien fait mais on subit quelques longueurs tout de même. Deux heures d’attaques de loups, c’est assez long. De plus, il y a beaucoup de passages violents qui rebutent. Et l’histoire des personnages est un peu faible. Dommage. Mais le divertissement est beau.