Le Fantôme de Canterville

Film : Le Fantôme de Canterville (2014)

Réalisateur : Yann Samuell

Acteurs : Audrey Fleurot (Aliénor de Canterville), Michaël Youn (Gwilherm), Michèle Laroque (Elisabeth Otis), Lionel Astier (Alain Otis)

Durée : 01:35:00


Le fantôme de Canterville… Tout un programme. La nouvelle hilarante écrite par Oscar Wilde a fait l'objet de diverses interprétations cinématographiques, mais quand le cinéma français s'y attaque, on a de quoi s'inquiéter.

Comme il se doit, ce film entache donc son modèle original de politiquement correct malvenu.

Tout d'abord, passons sur le rôle rajouté du valet du fantôme, approximativement interprété par Michael Young, et constatons que le spectre n'est pas un ectoplasme hideux mais la pulpeuse et très charmante Audrey Fleurot, parité oblige (?).

De plus, et là ça devient très bizarre, les deux jumeaux turbulents qui constituent la progéniture de M. Otis dans le livre sont ici deux garçons métissés, alors que les parents sont interprétés par Lionel Astier et Michèle Laroque…

Dans le dossier de presse ? Rien sur ce choix étrange. On ne peut qu'en déduire l'harassante pesanteur du politiquement correct sur la culture française…

De plus, le scénario ajoute à l'histoire originelle un romantisme bizarre, une histoire d'amour passée ayant enchaîné Aliénor de Canterville aux murs de la hantise, un sort dont on ne comprend pas bien l'origine et qui n'augmente rien.

Le film prend le parti de transporter une œuvre ancienne dans le monde des tablettes tactiles et des engins Nerf. Soit... C'eût pu être grand, c'est raté. Lionel Astier et Michèle Laroque essaient de mettre leur talent au service du sauvetage en mer, mais la petite Mathilde Daffe peine sérieusement à convaincre, Michael Young laisse indifférent, et quiconque a lu la nouvelle regrettera la saveur de celle-ci.

Pour exemple, le fait que le fantôme soit hideux et particulièrement méchant contraste génialement dans le livre avec l'insouciance des jumeaux et, surtout, la force de caractère et la pureté magnifique de Virginia, la jeune fille. Ici, la fantômette de service aide simplement Virginia dans une histoire d'amour mièvre et adolescente (c'est-à-dire éphémère et superficielle).

Virginia sauvait le fantôme, la fantômette enfonce Virginia…

Pas très édifiant, ce film donnera donc l'illusion aux spectateurs de découvrir un morceau de la culture anglaise quand il n'en est qu'un reflet flageolant et, pour tout dire, déformant.

À vos livres ! Je l'ai relu en moins d'une heure pour écrire cet article ! C'est moins long que le film, bien écrit, plus drôle et plus intéressant ; que demander de plus ?