Si le problème du conflit israélo-palestinien est un moteur indéniable du film, il n’en constitue cependant pas le sujet principal. Il permet néanmoins de donner du corps à une histoire classique d’échange de nourrissons dans une maternité (cf. par exemple L’empreinte de Safy Nebbou, 2007). Le film comprend donc un double message. Avec une caméra délicate et de belles prestations d’acteurs la réalisatrice, Lorraine Levy, a su montrer le choc qu’une telle découverte peut susciter en soi.

Mais une autre dimension vient se greffer : les deux familles appartiennent à des peuples qui se détestent et de religions différentes. Ce scénario au départ un peu capilotractré mais finalement vraisemblable aborde ainsi la question fondamentale de l’identité. Le plus dur est peut-être pour Joseph qui est un fervent juif et qui a étudié avec conviction le judaïsme et apprend de son rabbin qu’il est en fait moins juif que Yacine “né de mère juive” mais élevé en musulman. Perdant ses racines, il finit par se dé tourner d’une religion qu’il estime traîtresse.

Yacine traverse une épreuve différente. Son frère ne sait pas comment se situer par rapport à sa haine de l’ennemi israélien et l’amour qu’il a pour Yacine. En fait, les cinéastes, en brouillant les identités, soutiennent en définitive la thèse de l’unité humaine. "Regarde, les deux fils d’Abraham, Ismaël et Isaac” dira Yacine à Joseph. On a donc l’idée qu’au-delà d’une guerre de religion ou de territoire, se livre une guerre fratricide. Thèse loin d’être aberrante qui risque de déplaire à quelques Palestiniens et Israéliens. Lorraine Levy, juive mais non israélienne, ne souhaitait pas faire un film politique mais il est clair que l’histoire des deux jeunes hommes se veut un questionnement sur la guerre.