Le petit prince

Film : Le petit prince (2015)

Réalisateur : Mark Osborne

Acteurs : André Dussollier (L'aviateur), Florence Foresti (La mère), Vincent Cassel (Le renard), Marion Cotillard (La rose)

Durée : 01:46:00


Par la profondeur de son analyse, par la justesse de sa critique sociale, par son délicieux retour à la simplicité enfantine pour envisager les problèmes les plus complexes, Le petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry méritait une adaptation cinématographique soignée.

Pour la circonstance et afin de satisfaire l'exigence des héritiers du poète-aviateur, la production a mis les petits plats dans les grands. André Dussolier, déjà très habitué aux documentaires de toutes sortes, prête sa voix (souvent off) au pilote, Florence Foresti à la mère, Marion Cotillard à la rose, Vincent Cassel (excellent) au renard en mal d'apprivoisement, Laurent Laffitte, Vincent Lindon, Guillaume Canet, Pascal Légitimus et, pour la musique… Hans Zimmer (oui, rien que ça !).

Ne vous y trompez pas : il ne s'agit pas ici de l'adaptation intégrale du Petit Prince, mais plutôt d'une mise en abyme assez réussie, dans laquelle les passages principaux du récit du livre constituent une histoire dans l'histoire.

D'un point de vue artistique, les graphismes sont très léchés. Si l'histoire principale est un film d'animation propre et classique, la fable est racontée par des dessins proches de l'origami (mais moins schématiques rassurez-vous).

Sur le fond, les thèmes principaux de l’œuvre sont repris ici de façon assez fidèle mais complexe : les petits auront sans doute beaucoup de mal à saisir les analogies et métaphores de l’œuvre. Point faible du film ? Assurément non, car voilà une bonne occasion pour les parents de découvrir ou redécouvrir ce que le poids de la vie leur a peut-être fait oublier et, comble du bonheur, de l'expliquer à leurs enfants.

Certains thèmes sont traités avec insistance. L'innocence enfantine, par exemple, l'amitié, ou encore la dénonciation de certains défauts de l'humanité parfaitement inscrite dans l'idéologie ambiante : le gros vilain capitalisme au travers du comptable sur sa planète, par exemple.

C'est d'ailleurs un des seuls reproches qu'on pourrait faire au film : celui de prendre un parti surprenant, probablement assez éloigné de celui de Saint-Exupéry, qui ne donne pas plus de place que cela au capitalisme, qui ne dénonce pas comme le film l'ordre, au travers du personnage du policier, curieusement assimilé au vaniteux, qui ne stigmatise pas bêtement l'école comme si c'était elle qui faisait s'évaporer la pureté des enfants.

On en ressort en se disant que le cadre général (la première histoire) ne parvient pas à se hisser à la hauteur de la seconde (le conte) et que c'est bien dommage, mais on se rassure en appréciant malgré tout la fraîcheur générale de l'ensemble.

En tout cas, Nihil Obstat, comme disent les gens bien… ;-)