Le Pont des Espions

Film : Le Pont des Espions (2015)

Réalisateur : Steven Spielberg

Acteurs : Tom Hanks (James Donovan), Mark Rylance (Rudolf Abel), Scott Shepherd (II) (Hoffman), Amy Ryan (Mary Donovan)

Durée : 02:12:00


Le Pont des Espions

de Steven Spielberg

02/12/2015

Avec la science-fiction, le film de guerre est sans doute le genre que Steven Spielberg maîtrise le mieux, en tout cas celui dans lequel il réalisa nombre de ces chefs d’œuvre (Empire du soleil, Il faut sauver le soldat Ryan, La liste de Schindler). Il confie en effet vouloir chercher dans la guerre, et en particulier la seconde guerre mondiale l’explication de notre société.

Le Pont des Espions ne déroge pas à la règle car c’est un véritable et grand Spielberg, tant sur la forme que sur le fond. On y retrouve les plans-séquence discrets du réalisateur, l’attention aux visages, à la lumière – magnifique photographie du fidèle Janusz Kaminski qui reproduit à merveille la douceur des pellicules d’époque – mais aussi les thèmes du réalisateur dont le plus important : la famille.

Ce film de guerre/d’espionnage se révèle être, dans sa forme, un film de dialogue. Chaque scène avec le héros Jim Donovan – avocat de talent interprété avec grande mesure par un Tom Hanks virtuose et magnétique – est une grande scène de dialogue ou le personnage use, pour le plus grand plaisir des spectateurs, d’une rhétorique et d’un art de persuasion de surcroît admirablement bien filmés. Les cadrages et les raccords accompagnent toujours la progression de l’orateur dans son exposé et illustrent sa victoire sur l’esprit et le cœur de ses interlocuteurs.

Et l’on aime le voir gagner ! Ce petit avocat de Brookline, père de famille un peu dépassé se retrouve malgré lui à défendre l’ennemi de la nation mais il nous rallie vite à sa cause en faisant preuve tant de charité que de dévouement. Il tient à mener la guerre avec noblesse et refuse entre autres d’appeler « traître » un ennemi loyal. De ce sale boulot dont il hérite à contrecœur, il va trouver le moyen de faire une noble quête tant pour l’homme qu’on lui confie que pour son pays. Et le zèle avec lequel il mène sa mission pour délivrer les ressortissants américains lui fait mériter le surnom de « standing man » (homme debout/droit) que lui confère son client – et désormais ami – soviétique.

Le Pont des Espions est donc un film de guerre, mais surtout un film de dialogue exaltant et magnifique malgré quelques longueurs. Le duo historique Spielberg-Hanks se met à nouveau au service d’un grand cinéma dans lequel le réalisateur sait toujours distiller des thèmes plus humbles mais ô combien fort et émouvant. À l’instar de ce film qui se révèle être, dans un épilogue faisant écho à la scène d’exposition de la famille, l’histoire d’un foyer qui se répare : une famille déconstruite qui se rassemble en trouvant dans un père changé une image derrière qui se rassembler.