Le Talent de mes amis

Film : Le Talent de mes amis (2014)

Réalisateur : Alex Lutz

Acteurs : Alex Lutz (Alexandre Ludon), Tom Dingler (Thibaut Redinger), Bruno Sanches (Jeff Cortes), Audrey Lamy (Cécile), Anne Marivin (Carole), Sylvie Testud (Stéphane Brunge), Julia Piaton (Helen)

Durée : 01:38:00


Décidément, le cinéma français n'a pas fini de s'interroger sur l'amitié. La semaine précédente, c'était Richard Berry qui redessinait les relations entre trois compères dans son film Nos femmes, cette fois c'est au tour d'Alex Lutz de remettre le couvert, mais en élargissant le débat à un thème rare et précieux, celui de la réussite.

Ce qui est amusant, c'est que notre brave cinéaste étant également le scénariste et jouant également dans le film, il a beaucoup misé sur lui-même. On le voit dans tous ses états, faisant appel à ses multiples facettes de comédien, tantôt imitant le gorille, le requin ou le cheval, tantôt jouant la tristesse ou la colère avec une sincérité certaine.

Ses deux copains dans la vie, Tom Dingler (le fils de Cookie Dingler, le chanteur de "Femme libérée") et Bruno Sanchez, sont également ses copains à l'écran. C'est probablement pour cela que le courant passe si bien. Car le film est indubitablement porté par ses acteurs. Entre ces trois clowns et les rôles féminins incarnés par Sylvie Testud, Anne Marivin et Audrey Lamy, le résultat est dynamique et la comédie assez efficace.

Sur la question de l'amitié, pas de quoi casser trois pattes à un canard. On sait combien dans la vie les relations triangulaires sont difficiles. Alex Lutz exploite donc le ressort scénaristique à fond, en introduisant un copain d'enfance dans une relation déjà très forte entre deux amis. Tout ne va donc pas sans mal, et la jalousie fait commettre des actes idiots et regrettables.

C'est plutôt sur la question de la réussite que le film est profond et original. A une époque où tout le monde veut être star, chacun à sa façon, les uns en rêvant idiotement sur les étoiles éphémères des émissions à succès, les autres en rêvant secrètement (ou pas, d'ailleurs) d'être les nouveaux Charles Martel et Sainte Jeanne d'Arc, le film braque le projecteur sur l'héroïsme ordinaire. Sur les gens qui n'ont pas grand-chose peut-être, mais qui essaient à leur façon d'être de bons employés, de bons parents, de profiter de la vie, de goûter ses cadeaux et d'accepter ses misères.

Voilà qui est fort rare et qui mérite notre attention. Car l'héroïsme dans les petites choses est peut-être la vertu qui manque le plus aujourd'hui, cause de nos maux et paralysie de nos remèdes, et c'est le cinéma qui nous rappelle à l'ordre. Pas mal, non ?