Le Temps d'un week-end

Film : Le Temps d'un week-end (1992)

Réalisateur : Martin Brest

Acteurs : Al Pacino (Lieutenant Colonel Frank Slade), Chris O'Donnell (Charlie Simms), James Rebhorn (Mr. Trask), Gabrielle Anwar (Donna)

Durée : 02:37:00



Alors qu’il cherche un petit job lui permettant de se payer les trajets de train pour retrouver sa famille à Noël, un jeune étudiant boursier, Charles (Chris O’Donnell), est embauché par une famille de Boston pour s’occuper, le temps de Thanksgiving, de leur oncle aveugle : Franck Slade (Al Pacino). S’ensuit une aventure inattendue : la rencontre et l’amitié entre le jeune innocent, chétif et idéaliste et un vétéran aigri, grossier et condescendant.

Le trajet des personnages est assez classique, chacun corrige ses défauts au contact de l’autre, et l’on se couvre l’un l’autre de conseils et remarques sur le monde et la manière d’y vivre sa vie. Ainsi, derrière le vieux bourru se cache un infatigable amoureux de la gent féminine, louant ses qualités dans le style du Cantique des Cantiques. Et derrière le jeune premier, un homme droit et fidèle, prêt à se mettre en danger pour défendre ses amis. Il faut noter que le scénario est une réécriture du film italien Profumo di donna (Dino Risi, 1974), lui-même adapté d’un roman. Mais de ces œuvres originelles, le scénariste ne garde presque que le personnage d’Al Pacino. Le reste est habilement reconstruit de manière à offrir la même trajectoire au personnage principal, tout en adaptant l’univers au cinéma américain (Universités prestigieuses, combat de l’étudiant boursier contre les enfants de riches, vétéran du Vietnam ayant servi pour Lyndon Johnson et qui en hérite le caractère…)

Il faut reconnaître que le film est magnifique et qu’à l’image de sa réalisation : simple et démonstrative ; il reste humble et se contente des bons sentiments qu’il véhicule. Aucun acharnement au sordide, au vulgaire, au pathos… Le film aborde des grandes questions telles que le handicap, le but de la vie ou l’amitié mais il le fait sans prétention. Par exemple, le handicap dans ce film n’influence pas le cours de l’histoire ou notre attachement au personnage, il est discrètement au service de la relation entre Charles et Franck – qui, en apprenant à assumer son handicap et reprenant goût à la vie, va abolir la distance qu’il plaçait entre lui et le monde et s’offrir une belle amitié. La douceur dont fait preuve le film en abordant la question de la cécité est incarnée par la finesse de Charles, qui adapte son comportement au handicap de Franck mais s’interdit toute pitié déplacée.

Le temps d’un week-end aborde aussi des questions plus lourdes, telles que l’euthanasie (ou le suicide) mais s’interdit toute réponse claire. La seule affirmation du film à ce sujet n’est pas une opinion sur le désir de mourir, mais une injonction à toujours sauver celui qui est dans la détresse. On y trouve aussi une fascination pour le désir intense de vie qui existe chez le jeune et sa fanaison dans le cœur du vieil homme. Au nom de tout cela, Le temps d’un week-end est un beau film (pas bien méchant pourrait-on dire) qui se fait un hymne à la vie, à ses joies et ses plaisirs, sans pour autant résoudre l’énigme de la place de la mort dans cette vie.