“Le vent se lève !... il faut tenter de vivre !” est un vers tiré du poème de Paul Valéry “Le cimetière Marin” et qui a inspiré le titre d’un roman de Tatsuo Hori. Le slogan “il faut tenter de vivre” représente le message principal du film.
Pour la première fois de sa longue et brillante carrière, Hayao Myazaki s’est lancé dans un film destiné à un public adulte et, pour la première fois également, dans une histoire tirée de faits réels. Son héros, Jirô Horikoshi, est la fusion de deux personnages historiques, le précité écrivain Hori ainsi que l’ingénieur génial Jirô Horikoshi, concepteur du célèbre avion de guerre Zero utilisé dans les années 40.
Par rapport à la filmographie plutôt fantastique de Myazaki, l’univers de ce film se veut davantage réaliste quoique très poétique. On retrouve en revanche cette volonté de transmettre un message fort pour cette humanité qui le désole mais dont il espère tant.
Bien que le récit soit situé dans les années 30, Myazaki établit clairement un parallèle avec la situation actuelle du Japon : le tremblement de terre de Kanto de 1923 fait écho au drame de Fukushima, la grande Dépression et le chômage renvoient à la crise économique. Dans ce climat difficile où l’empire Japonais court à sa perte, le jeune ingénieur Jirô incarne l’espoir et la générosité. Il faut malgré tout tenter de vivre. Tranchant avec la morosité ambiante, Jirô vit pleinement ses rêves, ce qui donnera naissance au Zero considéré comme le meilleur avion militaire de son temps. Pour sortir des situations difficiles, il ne suffit pas d’avoir de la rigueur, des principes et une organisation. Jirô poursuit son rêve avec constance. Si le message est simple et évident lorsqu’il s’adresse à une population en souffrance, Myazaki l’exprime avec sensibilité et poésie.
Entre le récit historique et le conte moral, le scénario révèle la force des rêves et la beauté d’un amour pur et inconditionnel. En effet, outre l’hommage rendu à un jeune japonais qui a su relever la tête dans un japon sinistré, Myasaki raconte avec tendresse l’amour entre son héros et une jeune femme tuberculeuse. L’immixtion de la mort confère à cette idylle une gravité Shakespearienne dans ce qu’elle a de bon et de moins bon. Le moins bon est un romantisme puissant qui poussera les protagonistes à se marier dans la précipitation malgré la maladie avec comme unique projet celui d’être l’un avec l’autre. Mais c’est aussi l’occasion de mettre en valeur l’esprit de sacrifice, l’abnégation et, ce qui rejoint la morale générale de l’oeuvre, la volonté de dépasser les obstacles, de “tenter de vivre”.
On retrouve en définitive, à la sauce japonaise, la philosophie grecque de l’éthique, dans le sens de la recherche du bonheur. Jirô cherche à s’accomplir tant sur le plan de ses ambitions que sur le plan humain. Son amitié avec Honjo, un autre ingénieur chez Mitsubishi, est assez édifiante. Ils se soutiennent l’un l’autre dans leurs rêves afin de les rendre accessibles, se stimulant dans une émulation sincère. Myazaki ne s’en tient donc pas au slogan. il donne vie au principe. Il en montre les difficultés, les mécanismes, les désillusions, mais aussi les bienfaits.
D’un point de vue artistique, l'oeuvre du mangaka est remarquable. Il nous explique (in notes de production) que son film recèle trois types d’imagerie : les scènes de la vie quotidienne, calme et simple, les séquences de rêve plus libres et légères, et les explications techniques plus caricaturales, voir cartoonesques. On apprécie en effet la simplicité du trait lors de la mise en scène des personnages tandis que les paysages sont au contraire détaillés et précis, à la fois réalistes et magnifiés par ce style si particulier du dessinateur. La bande originale n’est pas en reste. De Schubert aux compositions de Joe Hisaishi, la musique, lourde (guerre, tremblement de terre, incendie…) ou aérienne, soutient admirablement la dramaturgie.
Si l’art est l’expression du beau et que la beauté est l’éclat du vrai, Le vent se lève est sans doute davantage une oeuvre d’art qu’un divertissement. Le jeune public risque en revanche d’être rapidement dépassé, le premier degré de lecture ne représentant pas la qualité principale du film.
“Le vent se lève !... il faut tenter de vivre !” est un vers tiré du poème de Paul Valéry “Le cimetière Marin” et qui a inspiré le titre d’un roman de Tatsuo Hori. Le slogan “il faut tenter de vivre” représente le message principal du film.
Pour la première fois de sa longue et brillante carrière, Hayao Myazaki s’est lancé dans un film destiné à un public adulte et, pour la première fois également, dans une histoire tirée de faits réels. Son héros, Jirô Horikoshi, est la fusion de deux personnages historiques, le précité écrivain Hori ainsi que l’ingénieur génial Jirô Horikoshi, concepteur du célèbre avion de guerre Zero utilisé dans les années 40.
Par rapport à la filmographie plutôt fantastique de Myazaki, l’univers de ce film se veut davantage réaliste quoique très poétique. On retrouve en revanche cette volonté de transmettre un message fort pour cette humanité qui le désole mais dont il espère tant.
Bien que le récit soit situé dans les années 30, Myazaki établit clairement un parallèle avec la situation actuelle du Japon : le tremblement de terre de Kanto de 1923 fait écho au drame de Fukushima, la grande Dépression et le chômage renvoient à la crise économique. Dans ce climat difficile où l’empire Japonais court à sa perte, le jeune ingénieur Jirô incarne l’espoir et la générosité. Il faut malgré tout tenter de vivre. Tranchant avec la morosité ambiante, Jirô vit pleinement ses rêves, ce qui donnera naissance au Zero considéré comme le meilleur avion militaire de son temps. Pour sortir des situations difficiles, il ne suffit pas d’avoir de la rigueur, des principes et une organisation. Jirô poursuit son rêve avec constance. Si le message est simple et évident lorsqu’il s’adresse à une population en souffrance, Myazaki l’exprime avec sensibilité et poésie.
Entre le récit historique et le conte moral, le scénario révèle la force des rêves et la beauté d’un amour pur et inconditionnel. En effet, outre l’hommage rendu à un jeune japonais qui a su relever la tête dans un japon sinistré, Myasaki raconte avec tendresse l’amour entre son héros et une jeune femme tuberculeuse. L’immixtion de la mort confère à cette idylle une gravité Shakespearienne dans ce qu’elle a de bon et de moins bon. Le moins bon est un romantisme puissant qui poussera les protagonistes à se marier dans la précipitation malgré la maladie avec comme unique projet celui d’être l’un avec l’autre. Mais c’est aussi l’occasion de mettre en valeur l’esprit de sacrifice, l’abnégation et, ce qui rejoint la morale générale de l’oeuvre, la volonté de dépasser les obstacles, de “tenter de vivre”.
On retrouve en définitive, à la sauce japonaise, la philosophie grecque de l’éthique, dans le sens de la recherche du bonheur. Jirô cherche à s’accomplir tant sur le plan de ses ambitions que sur le plan humain. Son amitié avec Honjo, un autre ingénieur chez Mitsubishi, est assez édifiante. Ils se soutiennent l’un l’autre dans leurs rêves afin de les rendre accessibles, se stimulant dans une émulation sincère. Myazaki ne s’en tient donc pas au slogan. il donne vie au principe. Il en montre les difficultés, les mécanismes, les désillusions, mais aussi les bienfaits.
D’un point de vue artistique, l'oeuvre du mangaka est remarquable. Il nous explique (in notes de production) que son film recèle trois types d’imagerie : les scènes de la vie quotidienne, calme et simple, les séquences de rêve plus libres et légères, et les explications techniques plus caricaturales, voir cartoonesques. On apprécie en effet la simplicité du trait lors de la mise en scène des personnages tandis que les paysages sont au contraire détaillés et précis, à la fois réalistes et magnifiés par ce style si particulier du dessinateur. La bande originale n’est pas en reste. De Schubert aux compositions de Joe Hisaishi, la musique, lourde (guerre, tremblement de terre, incendie…) ou aérienne, soutient admirablement la dramaturgie.
Si l’art est l’expression du beau et que la beauté est l’éclat du vrai, Le vent se lève est sans doute davantage une oeuvre d’art qu’un divertissement. Le jeune public risque en revanche d’être rapidement dépassé, le premier degré de lecture ne représentant pas la qualité principale du film.