Les clefs de la maison

Film : Les clefs de la maison (2003)

Réalisateur : Gianni Amelio

Acteurs : Kim Rossi Stuart (Gianni), Charlote Rampling (Nicole), Andrea Rossi (Paolo) et Alla Faerovich (Nadine). .

Durée : 01:45:00


Le réalisateur montre deux choses : la rencontre du père et de son enfant, 15 ans aprés sa naissance, et la relation qui est nouée entre un parent et son enfant handicapé. Ces deux éléments s'imbriquent étroitement, nous montrant tout au long du film l'émotion et la progression des sentiments du père, Gianni, devant son petit Paolo, qu'il découvre, qu'il apprend à connaître, et pour qui il laisse de plus en plus éclater son affection. Une affection tragique qui alterne avec les moments de complicité entre le père et l'enfant retrouvé.
Le cinéaste utilise fréquemment les gros plans sur les visages, pour traduire des émotions profondes, celles du père qui conçoit douloureusement sa vie avec son enfant handicapé, celles de Paolo, avec son visage et ses réactions d'enfant. Ce sont des émotions souvent douloureuses, déjà vécues par la mère d'une autre jeune handicapée que Gianni rencontre à l'hôpital où est soignée Paolo.
Charlotte Rampling joue à merveille ce rôle discret, comme d'ange gardien, que l'on revoie à plusieurs reprises, et montre l'exemple pour Gianni d'une relation parent/enfant. Andrea Rossi incarne le jeune Paolo, qui est d'abord un enfant: souvent candide et amusant, mais désadapté par rapport à la réalité. Il nous fait sourire de nombreuses fois. En tout cas c'est un enfant qui console et encourage un père face à un avenir difficile. Gianni est encore jeune; on apprend qu'il vit en couple; sa démarche est belle quand il va chercher Paolo pour lui redonner une famille après 15 années, mais il est marqué simultanément par le doute, la peur, la joie, l'amour.

Le père de Paolo est le personnage qui fait avancer l'action. Il est ainsi dans le film le personnage dont dépend le critère de moralité. Gianni est tout à la recherche du fils qu'il a lâchement abandonné sitôt après sa naissance, par déception et par peur. Mais le film nous montre une attitude devenue responsable: Gianni cherche, découvre, assume, et finalement répare sa conduite passée. Il n'oublie pas le chemin qu'il a accompli, pour le regretter sans doute, ni celui qui l'attend, qu'il envisage avec crainte. Le film est donc parcouru par les émotions du père qui regarde son fils retrouvé, le tout dans une ambiance intimiste mais sans excès.






Raphaël DU CHAZAUD