Les enfants

Film : Les enfants (2004)

Réalisateur : Christian Vincent

Acteurs : Gérard Lanvin (Pierre), Karin Viard (Jeanne), Brieuc Quiniou (Victor), Nicolas Jouxtel (Tom), Pharaelle Onovan (Camille), Martin Combes (Paul), Nathalie Richard (Hélène), Anne Rousselet (la mère de...

Durée : 01:28:00


Qui ne connaît aujourd'hui de "famille recomposée", alors que tant de mariages français se terminent par un divorce ? C'est d'un sujet bien connu que se propose de parler Christian Vincent, et Les Enfants est de ces films qui racontent des situations peu extraordinaires, et dont l'intérêt est soit de se
reconnaître à travers une représentation artistique, soit d'appréhender un phénomène sociologique. Le cinéaste a d'ailleurs étudié la sociologie dans sa jeunesse, et il semble que la représentation des parents divorcés recouplés qu'il montre dans son film soit tout-à-fait digne de crédit, d'autant que, comme il l'explique, lui-même ainsi que les deux acteurs principaux connaissent, sinon la séparation matrimoniale, du moins la paternité et, avant tout, ses inconvénients. Le projet de Christian Vincent est clair, le mérite de sa réalisation est cette correspondance entre le sens voulu et le sens donné. Amateur de portraits, comme il l'a dit et comme ses précédents films peuvent le laisser croire, il dresse celui, chaotique, d'une famille recomposée (le terme est maintenant un grand usuel sociologique), dans laquelle les enfants sont les g&
ecirc;neurs, car il nuisent à l'histoire des parents. Ce portrait sans doute fidèle à bien des réalités, mérite une note artistique supérieure à la moyenne car le sens porté par le réalisateur porte le spectateur dans la juste ambiance.La réalisation est empreinte d'un réalisme certain, amené par le jeu d'acteurs très naturels, qui pousse l'impression de spontané jusqu'à faire sourire le spectateur, et c'est sans moquerie aucune que l'on peut parfois même y rire de bon cœur. Dans cette histoire ordinaire, vécue en des lieux ordinaires, les personnages ordinaires peuvent être les quelques personnes que nous connaissons le mieux dans la vie réelle, et ces quelques personnages nous poussent dans cette histoire par leur personnalité d'enfant ou d'adulte, d'homme ou de femme, dont la proximité est si bien rendue avec le spectateur.


>Le thème du film de Christian Vincent, inspiré d’un roman sociologique homonyme, n’est évidemment pas une ode à la gloire de la famille. Deux divorcés, chacun parents de deux enfants, se rencontrent et décident de vivre ensemble. Trois questions apparaissent dès lors : celles du divorce, du concubinage, de la place des enfants. Les trois sont mises en scène avec le naturel que l’on a dit. Les conjoints des deux amants sont fréquemment importés dans l’histoire de Pierre et de Jeanne, en réel ou dans diverses conversations, rappelant constamment le faux de leur histoire. Leurs enfants sont simplement embarrassants, qui les empêchent de vivre un amour égoïste. La situation des enfants de Pierre est peu vivable à long terme, emmenés chez leur mère, ramenés chez la compagne de leur père au gré des principes forcé
ment abscons de la garde alternée. D’ailleurs la situation dépeinte par Christian Vincent peut être une forme de dénonciation du divorce, par le désordre occasionné, mais elle est beaucoup plus vraisemblablement une incitation à l’amour égoïste, éclipsant le rôle du mariage et sa fin première, les enfants justement.

Raphaël du CHAZAUD