Les Kaïra

Film : Les Kaïra (2011)

Réalisateur : Franck Gastambide

Acteurs : Medi Sadoun (Abdelkrim), Franck Gastambide (Mousten), Jib Pocthier (Momo), Ramzy Bedia ( Warner)

Durée : 01:35:00


Ce doit être un peu ça, l'enfer. Trois lascars qui se manquent de respect constamment, ne font rien de leur existence, rêvent de plaisirs bassement matériels, égrènent des chapelets de vulgarités, ne respectent pas même leur mère et rêvent de consommer des filles comme on se tape des burgers. La « racaille » dans toute sa splendeur ! D'autant que leur misère sexuelle et leurs refuges pornographiques sont étalés sur la pellicule sans aucune pudeur.

Pour autant ce film est une satire. Pas sûr que les gros blaireaux à casquettes qui crient dans la salle de cinéma et répondent à leur portable pendant le film le comprennent, mais enfin le ton est clairement satirique. Les trois acteurs principaux dont l'un, Franck Gastambide, est le réalisateur, viennent des quartiers et n'en reviennent toujours pas de leur succès. Quelques sketches sur Youtube débouchent sur une série de Canal +, puis Mathieu Kassovitz pousse le concept sur long-métrage. Le show-biz s'enflamme : Elie Semoun, Ramzy Bedia, Omar Sy, François Damiens, tout le monde veut en être, jusqu'à Katsuni, actrice pornographique. Le créneau ouvert jadis par Djamel est désormais affirmé : la banlieue a sa place dans le cinéma non plus simplement comme thème mais en tant que cinéaste.

Franck Gastambide se saisit alors des rouages de la comédie classique. Les péripéties conduisent leurs trois protagonistes à devenir meilleurs et à renier leur vie pourrie pour construire quelque chose. Ils découvrent l'amour et adoptent un métier.

Oui mais voilà. On aurait pu rêver meilleure destinée pour nos trois compères que devenir acteur dans un film X ou chanteur de R'n'B. Finalement, il y a fort à parier que le film nourrisse plus les fantasmes des jeunes « Kaïras » qu'il ne les jugule.

C'est ce qui arrive quand la technique cinématographique n'est plus qu'un moyen d'expression sans réelle exigence perfective.