Les Recettes du bonheur

Film : Les Recettes du bonheur (2014)

Réalisateur : Lasse Hallström

Acteurs : Helen Mirren (Madame Mallory), Om Puri (Papa Kadam), Manish Dayal (Hassan Kadam), Charlotte Le Bon (Marguerite)

Durée : 02:03:00


Et si vous alliez chercher les recettes de votre bonheur dans votre assiette ?
C'est ce que vous propose Lasse Hallström dans son dernier film, injectant sa caméra au cœur d'une famille de cuisiniers indiens partie à l'aventure en France suite à l'incendie criminel de leur restaurant.

Pour porter à l'écran cette adaptation du roman éponyme de Richard C. Morais, un casting résolument multiculturel. Si la production est américaine (le point de départ remonte à Juliet Blake, mais Oprah Winfrey et Steven Spielberg sont parties prenantes dans le film), le réalisateur est suédois, Charlotte le Bon québécoise, Helen Mirren britannique, Michel Blanc français, Om Puri indien et Manish Dayal américain…
Voilà de quoi traiter proprement le thème de l'intégration d'étrangers dans nos belles campagnes françaises.
Hallström tombe-t-il dans la propagande francophobe ? À moitié, dirons-nous…
Il est clair qu'à voir cette très sympathique famille indienne s'installer en France (à Saint-Antonin-Noble-Val, dans le sud), le tableau est si idéal qu'on n'y retoucherait rien. De plus ils sont loyaux, courtois et animés d'un très grand talent, celui de la gastronomie. Mais comme par hasard, un sale petit xénophobe concurrent tague sur le mur de leur cour : « La France aux Français, » allusion directe aux slogans de Marine le Pen qui fait décidément très peur. Peu importe ce qu'on pense du Front national, on peut remarquer que curieusement, dire « l'Algérie aux Algériens » ne choque personne. Alors pourquoi y aurait-il un régime de défaveur à l'égard de notre belle patrie ?
Discréditer une phrase non raciste par la bouche d'un xénophobe, voilà le seul point vraiment choquant du film, car le reste est une merveille.

La famille est d'abord un modèle de courage et de solidarité. Le père est ferme et décidé, mais sympathique. Hassan, interprété par un Manish Dayal plus habitué à la télévision qu'au cinéma, incarne un beau modèle de jeune homme droit, serviable et persévérant.
Helen Mirren, directrice du seul restaurant concurrent du village, calque la classe britannique sur la noblesse française. Elle est moins droite, plus vicieuse, mais foncièrement noble d’âme, ce qui réserve quelques surprises au spectateur.
La relation entre Hassan et la jolie Marguerite, interprétée par la pétillante Charlotte le Bon, est chaste. Il s'agit d'un amour authentique fondé sur une passion commune, l'amour de la bonne cuisine, et le réalisateur (gloire à lui!) a préféré nous épargner une communion érotique de la salle avec le couple.
La grande gagnante de ce film est, à n'en pas douter, la cuisine française. Même si la cuisine indienne est bien défendue, c'est bien devant les guides Michelin et leurs étoiles que le film fait sa révérence. Y a-t-il une fugace complicité du scénario avec la cuisine moléculaire (« science » culinaire qui ne devient énervante que quand elle se revendique « art » et qui est à l'opposé de tout ce que la France a de meilleur) ? Il y a peut-être une petit faute technique à cet endroit, car on pourrait presque le penser. Mais, d'après le dossier de presse, c'est tout le contraire alors ça va : le film et moi, on reste potes !

Pour la petite histoire, apprenez que la ferme des Indiens et le Saule Pleureur (le restaurant concurrent) ne sont pas du tout en face l'un de l'autre dans la réalité. Il a fallu construire une route et une façade en face de la ferme pour pouvoir tourner les scènes qui se passent entre les deux !

Bref, je suis ressorti de la salle avec bonne humeur et une envie forte de me mettre à la cuisine. Saviez-vous que dans la cuisine française toutes les sauces viennent de cinq sauces-mères ? Hé bien moi je l'ignorais et croyez-moi : je vais explorer le filon...