L'Honneur d'un Capitaine

Film : L'Honneur d'un Capitaine (1982)

Réalisateur : Pierre Schoendoerffer

Acteurs : Nicole Garcia (Patricia Caron), Jacques Perrin (Le Capitaine Caron), Georges Wilson (Le bâtonnier), Charles Denner (L'avocat de la défense)

Durée : 02:00:00


Le 14 mars 2012, pendant que les poissons faisaient l'amour, le monde perdait un très grand réalisateur : Pierre Schœndœrffer. Cette grandeur, L'honneur d'un capitaine l'exprime avec une couleur toute particulière. Il en fallait du courage, en 1982, pour oser présenter un ancien officier de l'armée française passé à l'OAS d'une façon normale, c'est-à-dire sans grandes dents et sans couteau pointu !

Pire encore : oser parler de la guerre d'Algérie sans faire de la France un pilleur assoiffé de sang et de richesses ! Quel crime de lèse-majesté !

Notez que toutes les précautions sont prises : les détracteurs de la France en Algérie ne sont pas montrés particulièrement odieux, certaines pratiques de l'armée française sont dénoncées sans réserve et, finalement, la conclusion du film nuance largement l'idée d'un plaidoyer pro-Algérie Française.

Mais plus qu'un procès historique, il s'agit du procès d'un homme mort au combat et dont la veuve cherche à venger l'honneur. A travers cet officier, comme le soulignent les plaidoiries, c'est l'autorité, le sens du commandement, l'honneur de l'armée elle-même, qui sont mis en cause. Jacques Perrin campe-t-il un officier supérieur extraordinaire ? C'est ce qu'on lit dans plusieurs critiques dites « de droite. » En réalité, parler ainsi, c'est insulter l'armée française, car l'excellence de cet officier devrait être au contraire « ordinaire, » pour que les détracteurs de l'Algérie française aient tort. Bref, ce petit débat résume à lui seul tout le film.

« Il n'y a pas de guerre propre, » souligne un officier. C'est vrai. Un des avocats souligne qu'il est facile de juger loin des balles. C'est exact. Mais quoiqu'il en soit ce film est à l'honneur de la France. Il balaie les a priori avec une aisance de voltigeurs de la caméra (la réalisation étant somme toute extrêmement classique), donne une image d'officier droit, intègre et méritant (incarné par un Perrin au mieux de sa forme), ne passe rien sous silence (quoique les réponses ne soient pas toujours claires) et capte le spectateur dans une enquête où la vérité et l'honneur sont les deux détentes de l'intrigue.

Un film qu'il faut avoir vu, sans aucun doute.