Lolo

Film : Lolo (2014)

Réalisateur : Julie Delpy

Acteurs : Dany Boon (Jean-René), Julie Delpy (Violette), Vincent Lacoste (Lolo), Karin Viard (Ariane)

Durée : 01:39:00


On connaît tous un Lolo. Mais si, souvenez-vous : un fils couvé par une mère sur-protectrice, qui développe un rapport si fusionnel avec sa génitrice que l'homme, ce fameux « tiers séparateur » freudien, en devient gênant…

On a tous connu un Lolo, et je ne sais pas vous, mais personnellement ça me donne une envie de distribuer quelques tartes bien ajustée, comme ça, histoire de… « Je dis pas que c'est pas injuste, j'dis juste que ça soulage », expliquait Venantino Venantini dans Les Tontons flingueurs. Sauf que là, vraiment, ce serait justifié.

Film de femme (Julie Delpy) joué par des femmes, ce long métrage prend le temps de rentrer dans des relations psychologiques tortueuses et se construit autour de quatre personnages essentiels : Violette, la mère, le fils Lolo bien sûr, Jean-René, l'homme et, parce qu'il aurait manqué quelque chose sans elle, la meilleure amie Ariane, interprétée par Karin Viar, égoïste à souhait mais qui aidera malgré tout Violette à prendre conscience de son erreur sur la personne…

Que le public soit préparé : les conversations entre les deux copines sont d'une vulgarité confondante. Des propos grossiers aux gestes obscènes, Julie Delpy souhaitait probablement montrer comment sont les femmes en off, mais ne montre finalement que le comportement de certaines femmes, espérons-le tout du moins.

Alors qui est ce Lolo ?

Un garçon intelligent, mou, qui traîne dans la maison en slibard et ne tolère pas que sa gourde de mère ait de l'affection pour un autre homme que lui. « Gourde de mère », écrivé-je, parce que comme nous le disait mon professeur de psychiatrie pendant mes cours de criminologie, « 90 % des problèmes d'un enfant vient des parents... »

Celle-ci prend donc son petit chou pour un garçon affectueux, sincère et fragile, alors qu'il n'est, évidemment, que détestable, manipulateur et assez coriace.

Drame des familles contemporaines, intervient tardivement dans ce rapport œdipien un homme gentil et sans histoire, interprété par Dany Boon. On se doute que cette rencontre trouble le quotidien de notre petit chéri qui va non pas déclarer une guerre (il est bien trop lâche pour ça), mais entamer un plasticage méticuleux des piliers de cette nouvelle relation. S'en suivent alors les attaques en règle (poil à gratter dans les chemises, drogue, quiproquos etc.) qui serviront de structure au film jusqu'à ce que, évidemment, notre nouveau-venu découvre le pot-aux-roses !

Le problème, c'est qu'on a du mal à croire à un amour vraiment définitif entre les deux tourtereaux. En définitive, même s'ils surmontent les obstacles dressés par l'infatigable Lolo, la romance qu'ils développent ne donne aucun gage de stabilité. Si, comme le disait Saint Éxupéry, « l'amour ce n'est pas se regarder l'un l'autre mais regarder ensemble dans la même direction », il serait temps que nos deux amoureux arrêtent de se contempler et se projettent dans l'avenir. On dira peut-être que je développe un côté odieusement réac, mais en réalité le problème n'est pas que là : on constate également que ce manque d'épaisseur relationnelle émousse le scalpel psychologique. On en vient de ce fait à se dire que, finalement, s'ils rompaient ce ne serait pas si grave. L'impact du film s'amoindrit alors considérablement.

Un autre thème abordé par le film est la futilité du microcosme parisien (Violette travaille dans la mode) par rapport à la stabilité du provincial Jean-René, sans doute moins bling bling mais simple et authentique. Tout au long du film, chacun va évoluer pour aller à la rencontre de l'autre. La première en descendant de son piédestal vaniteux, le deuxième en devenant quelqu'un.

Bon... Voilà. Le plus grave dans tout ça, c'est que [spoil] nan laissez tomber, je voulais juste voir si vous résisteriez à l'envie de lire ce texte, hé hé...[/spoil].

Un film qui veut aller loin, touche sa cible, mais ébrèche sa coque sur quelques récifs malencontreux.