Mémoires de jeunesse

Film : Mémoires de jeunesse (2014)

Réalisateur : James Kent

Acteurs : Alicia Vikander (Vera Brittain), Kit Harington (Roland Leighton), Taron Egerton (Edward Brittain), Emily Watson (Mme Brittain)

Durée : 02:10:00


Le Royaume-Uni produit à nouveau un très beau film d’époque sur la Première guerre mondiale et montre que nos voisins d’outre-Manche ont de sacrées longueurs d’avance dans le domaine de la reconstitution historique, alors que nous commémorons toujours le centenaire de ce drame européen. On avait vu la série Downton Abbey de Julian Fellowes (2010-…) frapper un très grand coup dans le monde entier grâce à l’incroyable redécouverte de la Belle Epoque qu’elle proposait. On assiste à présent à la continuité de ce mouvement, notamment avec ce film Mémoires de jeunesse de James Kent, dont la renommée n’avait pas vraiment franchi le Channel jusqu’alors.

Pourtant le scénario est très classique pour un film de ce genre, qui montre la guerre vécue de l’arrière. La tristesse des départs sur les quais des gares, le courrier apporté par le facteur, souvent chargé de nouvelles désastreuses, les familles éplorées, l’héroïcité des femmes obligées de prendre entièrement en main une société désertée par les hommes… : on a déjà vu cela dans Pearl Harbor (2001), Nous étions soldats (2002), Un long dimanche de fiançailles (2004), Joyeux Noël (2005)…

Adapté du best-seller de Vera Brittain, « Testament of Youth », Mémoires de jeunesse se situe un cran au-dessus de tous ces métrages souvent dotés de mise en scène rocambolesques accentuant le romantisme des scènes et ne se privant pas de relire la grande histoire avec des yeux très contemporains et souvent conformistes.

Le film de James Kent, conçu dans une région mythique du cinéma anglais (le Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre), offre un énorme travail de reconstitution des décors et des dialogues, notamment à partir des archives réelles rassemblées par la romancière Vera Brittain. Il raconte avec beaucoup de réalisme l’histoire de deux jeunes fiancés qui vont être séparés par la Grande guerre. Autant ce cas de figure n’est pas nouveau, autant la précision avec laquelle l’auteur décrit les mœurs de l’époque est passionnante. On redécouvre le sens des relations humaines, la hauteur des sentiments, la noblesse des intentions, le respect de la personne conçue non comme un objet mais comme l’heureuse altérité qui permet à l’homme de s’épanouir dans la société. Loin de l’individualisme actuel.

La jeune actrice Alicia Vikander (Anna Karénine, UNCLE : Agent très spéciaux) livre une remarquable prestation, incarnant une personnalité à la fois complexe, intérieure, et courageuse face à une situation désespérante. En dépit de la tragédie qu’elle traverse, on ne cesse pas de l’accompagner avec étonnement, surprise et émotion, à la découverte d’un monde… aujourd’hui disparu.